Archives expositions personnelles France
Archives expositions personnelles (P-Q)
Le texte de Marguerite Pilven
« La médiocrité de notre univers ne dépend-elle pas essentiellement de notre pouvoir d’énonciation ? » s’interrogeait André Breton Dans son Introduction au discours sur le peu de réalité, un essai poétique publié chez Gallimard en 1927.
C’est depuis cette identité postulée par Kant entre le langage et la faculté de connaître, également défendue par le philosophe du langage Ludwig Wittgenstein, que Lucie Picandet fonde un vaste projet de déconstruction esthétique qui en fait le procès. Travaillée par ce qu’il est possible d’exprimer, ou de faire voir, sa cosmologie picturale n’a rien d’une fantasmagorie hors sol. Lucie Picandet fait au contraire le choix de s’enraciner dans l’organicité du corps qui nous relie à l’ensemble du vivant. Cette organicité échappe à toute saisie langagière, mais certainement pas aux effets de la parole, comme la psychanalyse nous l’enseigne. Comment rétablir le déficit de réalité filtré par le langage, la logique, la raison discursive ? En donnant symboliquement la parole à des entités fictives et non-humaines, comme par exemple le parasite, le radiolaire ou la chauve-souris, le gorille ou le poulpe, Lucie Picandet convoque un espace relativiste qui pourrait accueillir la multiplicité des mondes. Ses compositions picturales baroques, toutes en circonvolutions et plis, ou fragmentées, faites d’emboîtements et de ruptures d’échelles se traduisant par des effets de loupe qui agrandissent les parties d’un tableau, ouvrent leur perspective sur l’infini. Les nombreuses peintures de scènes miniaturisées, conservées sous cloche, évoquent également l’impossibilité de voir la réalité autrement qu’à travers des dispositifs théoriques et techniques dont la focalisation attentionnelle est toujours partielle, et la nécessité impérieuse de la rêver dans sa totalité pour s’émerveiller, se rappeler que nous sommes une part insignifiante de la nature et non les maîtres.
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Gilles Aillaud
Important
Marika Prévosto
À
sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.
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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.
Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.
Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.
À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.
Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…
Cet ambitieux projet de connexion à une « perception corporelle», Lucie Picandet le déploie avec humour, tendresse et fantaisie. Elle le fait depuis l’écriture, en 2006, d’un poème au titre évocateur, « Le Grand Tanneur » et le déploie en tableaux dont les agencements de formes organiques se réfèrent au registre paysager et nous font circuler à l’intérieur d’un grand corps imaginaire. Mis à plat par une série de coupes inspirées des formes de planches anatomiques, ces corps ouverts comme des manteaux hébergent de multiples mondes dont les effets de capillarité se produisent toujours en lisière de paysage, à la limite entre l’extérieur et l’intérieur. Dans ces « paysages intérieurs », Lucie Picandet décline en effet des analogies topographiques qui empruntent à l’écologie, à la notion de terre et d’humus, ainsi qu’à la médecine, à travers les notions de cosmétique et de symptôme, de surface et de profondeur, de guérison et de réparation. En adressant des hommages à la figure du lombric, ou du parasite, elle tourne notre attention vers la gestation des formes vivantes qui se produit sous nos pieds, ou celle du vaste monde microbien que nos corps abritent. Ses « paysages hospitaliers » accueillent quant à eux les maux de la terre et les métamorphosent en une flore exubérante.
Dans la « cité mythique souterraine » d’Agharta, peinture réalisée en 2022, et dont la grotte peinte cette année est peut-être le prolongement, « les gouttes de sueur de notre monde malade tombent pour y trouver une place de choix, elles sont serties à la manière de pierres précieuses ».
L’oeuvre de Lucie Picandet semble ainsi toute entière travaillée par la notion platonicienne de « Pharmakon », réactivée par le philosophe Jacques Derrida afin de penser la dynamique paradoxale de l’expression écrite. Elle serait à la fois le lieu des maux et des guérisons, un poison et un remède, un exutoire addictif autant que libérateur. En intitulant une série d’oeuvres Celui que je suis, l’artiste jouait déjà sur la distinction entre le verbe être et suivre. Elle se référait à cette pleine présence à soi qu’est pour elle l’acte de peindre, pendant lequel la pensée est suspendue, et à l’écart toujours produit avec soi provoqué, a contrario, par cette autre forme de l’expression qu’est l’écriture.
Lucie Picandet passe sans cesse de l’une à l’autre de ces expressions, trouvant en l’une tout ce qui manque à l’autre. Elle sait que ce qui n’a pas trouvé à s’incarner ou à se dire produit des fantômes, des formes erratiques où se loge le mal être. Ainsi, a-telle imaginé, au sein de cet univers pharmakologique imaginaire, animé par des réseaux de solidarité inter-espèces, Les Incarnatrices. « A l’inverse des plantes carnivores », elles permettent à des esprits, ou des idées, de transiter à travers leurs longues tiges nourricières pour se former, prendre corps, éclore en des fleurs à l’éclatante beauté. « Ce sont des machines de vie, à mi-chemin entre le totem (ou le sceptre) et l’alien. Elles expriment (...) le mystère de la phusis grecque : ce par quoi la vie croît ». Si l’on veut bien se mettre sur le nez les lunettes multidimensionnelles, et multidirectionnelles que nous tend Lucie Picandet, on verra comment l’extraordinaire minutie de ses peintures est une incitation poétique à suspendre les multiples constructions technologiques qui nous éloignent du monde sensible pour entrer de plain- pied dans une nature qui est aussi profondément la nôtre, y frayer son devenir avec la force de l’émerveillement renouvelé, et sans craindre ses désirs.
Exposition du 29 avril au 1er juin 2024. Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, 33 rue de Seine - 75006 Paris. T.+33(0)1 46 34 61 07. Ouverture le lundi de 14h à 19h, du mardi au vendredi de 9h à 19h, le samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h.
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