Archives 1er semestre 2018

Pascale Marthine Tayou, I am a Gentenaar
Un prologue en cinq mouvements

Mu.ZEE, Ostende (Belgique)

24.02.2018 - 03.02.2019

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Communiqué de presse

 

Pascale Marthine Tayou investit la scène internationale en tant qu’artiste plasticien depuis le milieu des années 1990. Les sculptures et les installations qu’il crée sont puissantes et poétiques, et réalisées à partir de matériaux récupérés ou non. Mu par des questions sur l’identité, l’authenticité et la tradition, il part à la recherche de ce qui nous lie tous les uns aux autres. Tayou remixe pour ainsi dire un monde qui semble à la fois étrange et familier. Les installations contenant images, masques, couleurs et objets dévoilent une quête incessante vers l’universellement humain. 

Avant son exposition personnelle en 2019 au Mu.ZEE, Pascale Marthine Tayou (né en 1967 à Yaoundé, au Cameroun – vit et travaille à Gand), introduit déjà en 2018 un certain nombre de ses œuvres d’art au musée. Il invite celui-ci à aborder autrement l’idée bien définie d’une exposition provisoire. Les questions que l’artiste souhaite susciter au travers de ses œuvres doivent pouvoir être posées « aujourd’hui ». Dans cette optique, Tayou crée une exposition comme un calendrier, dans laquelle il installe une œuvre d’art au musée à intervalles précis. Il appréhende le musée comme un atelier, un endroit propice à l’expérimentation, un espace qui peut rester en mouvement. Une installation prend forme en partant du cheminement et à partir de tous les matériaux, impressions et expériences qu’amène l’artiste. Peu à peu jaillissent des questions sur l’identité et la magie des petits rituels quotidiens. Sous prétexte de vouloir conserver une certaine légèreté dans la réflexion sur les problèmes de société, Tayou fait des déclarations non pas politiques mais plutôt « humaines ». Il ne crée pas pour honorer l’art, mais pour célébrer la vie.


































 


















































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L'artiste est actif dans le musée depuis février 2018. Il travaille sur un "prologue" à travers lequel il place régulièrement une œuvre d'art dans le musée. Tayou défie le Mu.ZEE de ne pas jouer en toute sécurité mais de collaborer avec lui dès le premier jour, et de prévoir immédiatement la présentation au public. Il aborde le musée comme un laboratoire, un lieu d'expérimentation, un espace qui doit être constamment en mouvement. Pourquoi attendre 2019 pour poser les questions déclenchées par ses œuvres, quand elles doivent être posées aujourd'hui? Une collaboration intense avec Pascale Marthine Tayou, c'est comme élargir la route que Mu.ZEE trace depuis plusieurs années. Le musée opte délibérément pour des trajectoires à long terme avec des artistes travaillant autour de thèmes sociaux. Indirectement, ces projets d'exposition donnent de l'oxygène au débat muséal sur la décolonisation, la décanonisation des collections et le rôle du musée au XXIe siècle.

"Pascale Marthine Tayou veut titiller le système. Il veut l'injecter des éléments perturbateurs et révélateurs de l'intelligence". Les espaces frustrés du musée sont de nature métaphorique des espaces frustrés de nos sociétés et de nos consciences: «L’état du musée illustre celui de la société en proie à des paradoxes et à une non-conscience d’elle-même». (Sorana Munsya, réflexions sur Un prologue en cinq mouvements, 2018)

À partir du 24 février 2018, Pascale Marthine Tayou s’est emparé de Mu.ZEE avec #1 Miss and Mr. Gentenaar. L’agencement choisi pour ce prologue est une présentation spécifique de la collection du Mu.ZEE, avec des œuvres de Jacqueline Mesmaeker, Keith Farquhar, René Magritte, Thierry De Cordier, Sammy Baloji, Franz West et Thomas Schütte, entre autres. Pour commencer, l'artiste a placé deux énormes tirages photographiques dans l'espace. L'une est une photo de l'artiste et l'autre montre une femme. Le titre Miss et Mr Gentenaar (1) indique leur relation. Ils sont assis sur une terrasse; la maison ne révèle aucun contexte spécifique. Où qu'ils soient, en vacances, sur la route, au Cameroun ou à Gand, ils se sentent chez eux. Intrigué par les questions entourant «l'identité», Pascale Marthine Tayou semble renvoyer la balle dans notre camp. Notre tentative d’identifier et de classer les deux personnages est confondue par les puissants portraits grandeur nature, qui ne veulent rien dire d’autre que: «Le monde est grand et nous appartient à tous. D'autres endroits sont ici et vice versa. Vous voyez tout simplement une nouvelle génération de citoyens du monde avant vous. "

En avril, l'artiste a ajouté l'installation Pizza Dogon. Manuscrits de Tombouctou (2017) se compose de rondins sur lesquels on peut lire des extraits d'anciens manuscrits de Tombouctou. Ils sont disséminés dans l’espace, accompagnés de trois néons, chacun portant la mention «Université de Tombouctou» dans l’élégante écriture de l’artiste. Ils sont de couleur jaune, rouge et verte, les couleurs du drapeau malien. Tombouctou est un centre réputé d’apprentissage de l’Islam et abrite un dépôt de centaines de milliers de manuscrits centenaires relatifs aux enseignements de droit, de mathématiques, de médecine, de philosophie, d’astronomie et du Coran. Elle est également connue comme la ville "inaccessible", ce qui est encore le cas aujourd'hui car la région, Tombouctou et toutes ses connaissances précieuses - aussi anciennes que le monde - sont menacées par le terrorisme islamique. Avec cette installation, Tayou veut attirer notre attention sur cet apprentissage universel et le rendre accessible, pour ainsi dire: " "La terre, comme une pizza, est une denrée à partager et à consommer avec modération".

Une troisième installation a été ajoutée fin juin, The Curtain, dans laquelle Tayou explore le concept de "limites". Dans ce travail, il délimite littéralement un certain nombre de frontières rigides par un rideau de poteaux de bois qui descend du plafond. Plus que jamais, nous sommes en proie à des discussions sur la protection de nos frontières: des débats dans lesquels tout le monde semble tourner en rond sans être en mesure d’en venir au cœur du problème. Nous ne voyons plus le bois mais les arbres. La seule chose qui compte est la protection de ces frontières.

Un prologue en cinq mouvements sera développé en septembre et décembre 2018. Le projet est précurseur de l'exposition qui sera réalisée conjointement par Pascale Marthine Tayou et Mu.ZEE en 2019 (du 4 avril 2019 au 1er septembre 2019).

(1) Un citoyen de Gand.



Prologue du 24 février 2018 au 3 février 2019. Mu.ZEE , Romestraat 11  - 8400 Oostende (Belgique). Ouverture de 10h à 18h. Fermé le lundi 1er janvier et le 25 décembre.








 







 











 





 



























 





 











Pascale Marthine Tayou, I am a Gentenaar, Un prologue en cinq mouvements. Photo: Steven Decroos, Mu.ZEE Ostend.




Pascale Marthine Tayou, I am a Gentenaar, Un prologue en cinq mouvements. Photo: Steven Decroos, Mu.ZEE Ostend. Pascale Marthine Tayou, I am a Gentenaar, Un prologue en cinq mouvements

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