Archives expositions personnelles France

Archives expositions personnelles (D)

Le texte de Julie Crenn


Que ce soit dans ses dessins ou installations, Matías Duville restitue les forces de la nature dans tous leurs extrêmes. Le malaise et la fascination sont conjugués. Il travaille ainsi la notion de seuils (du rêve au cauchemar) et de limites (temporelles et spatiales) en explorant un monde inhospitalier où les repères sont bouleversés.


Matías Duville a grandi entre l'océan et la forêt. Il observe, expérimente et fantasme deux territoires, invoquant aussi bien le sublime que la peur et le danger. Des sentiments non pas contradictoires, mais complémentaires qui traversent son œuvre.












































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Entre les vides et les pleins, la lumière et l'obscurité, la présence et l'absence, le réel et la fiction, l'artiste nous plonge au cœur d'un monde énigmatique. Le nôtre? La réponse n'est pas évidente. Le passage de l'Homme y est rare, quelques traces de la civilisation s'obstinent au creux d'un décor où la nature a repris ses droits. Une catastrophe a eu lieu, ou bien se prépare: une tornade, un tsunami, une éruption, un changement climatique brutal. Tout ce qui nous est familier est soudainement balayé par des phénomènes tentaculaires et impitoyables.


Le monde que nous pensions connaître est en voie de disparition. L'inquiétante étrangeté délivrée par Freud est ici prégnante. Les dessins, réalisés au moyen de traits vifs, abrupts et incisifs, traduisent une volonté de sculpter le paysage: creuser, sillonner et déchirer la terre, entremêler les racines, façonner des arcs, ciseler la roche, suspendre la mer, fendre le ciel.






Matías Duville, Sans titre, 2014. Fusain sur papier. Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris, © Matías Duville

Ses dessins monochromatiques, réalisés au fusain, présentent une nature tourmentée et menaçante. Les paysages ante- ou post-apocalyptiques, aux contours escarpés et improbables, présagent une brusque mutation. Ils sont marqués par des crevasses, des cratères, des gouffres, des protubérances, des traînées et des vagues dévastatrices.




Matías Duville, Sans titre, 2014. Fusain sur papier. Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris, © Matías Duville




Alors, un dialogue s'établit naturellement avec son travail en volume. Une cheminée en bois calciné (Fireplace, 2011), une table figurant un paysage fait de sel, de crochets et de verre brisé (en cours de réalisation), constituent ce qu'il reste après le choc.

Les éléments domestiques figurent les ruines d'une humanité qui aurait subitement pris la fuite. Le feu et l'eau ont tout emporté. Seules des traces ont résisté à un passage violent et irréversible. Grâce à ses espaces non identifiés, Matías Duville restitue les forces de la nature dans tous leurs extrêmes. Le malaise et la fascination sont conjugués. Il travaille ainsi la notion de seuils (du rêve au cauchemar) et de limites (temporelles et spatiales) en explorant un monde inhospitalier où les repères sont bouleversés. Immergés dans le chaos, nous sommes entraînés par l'imagination convulsive de l'artiste qui se fait à la fois l'auteur et le traducteur d'une nature en colère.


Matías Duville, Fireplace, 2011. Bois brûlé. 200 x 75 x 40 cm. Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris, © Matías Duville


Matías Duville, Fireplace, 2011. Bois brûlé. 200 x 75 x 40 cm. Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris, © Matías Duville Matias Duville, Life In an Instant, Galerie Vallois, Paris

© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2014. Tous droits réservés

Exposition du 14 mars au 26 avril 2014. Galerie G.-Ph & N Vallois, 36 rue de Seine - 75006 Paris. Tél.: +33 (0)1 46 34 61 07. Ouverture du lundi au samedi de 10h30 à 13h et de 14h à 19h.



  Matias Duville, Life In an Instant

  Galerie G.-Ph & N Vallois, Paris

  14.03 - 26.04.2014