Giulia Cenci, être rares

Le Cap, Saint-Fons

02.12.2023 - 10.02.2024

Communiqué de presse

Giulia Cenci, née en 1988 à Cortona en Italie, vit et travaille entre Amsterdam et la Toscane. être rares est la première exposition personnelle de Giulia Cenci dans un centre d’art en France. Pour être rares, Giulia Cenci plie et modifie l’architecture du Centre d’art pour faire dialoguer sa grande installation progresso scorsoio, qui occupe l’espace central du CAP, ainsi que ses formes aux détails anthropomorphiques issues de la nouvelle série des figureheads, ainsi qu’une incursion dans la série dry salvages, montrée au printemps dernier à Amsterdam..

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Gilles Aillaud

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Marika Prévosto

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Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent

En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.

Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.

Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.

Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.

À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.

Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…

Giulia Cenci, dead dance, 2021-2022. Metal, résine acrylique, fibre de verre et peinture au quartz, 200x440x90cm. Vue d’xposition, 59e Biennale d’rt contemporain de Venise, 2022. Photo Roberto Marossi. Courtesy La Biennale de Venise et Giulia Cenci.

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La notion de travail, les vestiges et les conséquences d’une société de l’hyper-productivité, aussi bien qu’une abolition de toute hiérarchie entre espèces et sphères, sont les fils rouges qui traversent son travail. Au binôme (hyper) production et destruction, l’artiste oppose une logique de récupération, pour donner une nouvelle vie à ce qui reste, aux fragments, aux objets qui ont perdu leur valeur ou leur fonction. Giulia Cenci défend par ailleurs dans son processus de création, une indépendance du « faire », de la production de ses oeuvres en toute autonomie et liberté. L’ancienne maison familiale, une ferme agricole dans la campagne toscane, est devenue le quartier général de l’artiste qui y produit toutes ses pièces ; une sorte de communauté autogérée où elle est entourée de ses collaborateurs ou de celles et ceux qui y passent.

Morceaux de machines ou de pièces industrielles, objets de récupération, moulages de visages ou d’animaux ; l’artiste greffe, assemble, fond et récupère des objets de son environnement proche en réécrivant les règles du jeu. En résultent des formes et des installations en tension ou en mutation permanente. Résine, moulages, fonte, poudre de graphite ou de marbre sont ajoutés dans les matériaux et procédés utilisés par l’artiste pour compléter cette transformation en créant des relations inattendues.

Défiant toute opposition nature/culture ou naturel/artificiel, Giulia Cenci met en scène un nouvel habitat (ou écosystème) pour ses sculptures : une nouvelle population habite (ou hante ?) les espaces et défie toute hiérarchie de temps (présent – passé), de provenance (animal, humain, végétal), de fonction (un outil ou un fragment) et de valeur (le marbre ou un pneu). On pourrait penser à un univers de formes figé sous les couches de résine ou dans la raideur du métal, mais intervient une forme de transformation constante dans son oeuvre.

Les sculptures et les installations de Giulia Cenci sont une tentative de traduire l’impermanence de notre époque, des accélérateurs ou des amplificateurs de l’expérience du présent. Sa grande installation progresso scorsoio se compose de pièces d’anciennes machines agricoles; charrues, lames ou grilles : les restes d’une société industrielle peu soucieuse de l’exploitation de la terre jusqu’à la rendre stérile. La sculpture est une enfilade de pièces métalliques, une parade d’outils qui rappelle les batailles des fresques de Piero de la Francesca, où s’enchevêtrent dans un flux belligérant jambes, armes et animaux. Le titre de l’oeuvre est tiré d’une épigramme de Zanzotto - célèbre poète italien et voix du chaos du contemporain et des transformations du paysage - mais il fait aussi référence au noeud de pendu, (nodo scorsoio en italien) et à la notion de progrès (progresso). Il suggère également l’action de resserrer progressivement. Ce mouvement inexorable, sans possibilité de retour en arrière dirige les spectateur·ices dans l’espace d’exposition. Nous nous retrouvons devant une étrange créature qui tend ses bras pour nous accueillir – ou nous emprisonner - à la fois cage et étreinte.

La notion de l’étreinte apparaît également dans la série des figureheads (figures de proue en anglais) présentées dans l’exposition. Les figures de proue étaient traditionnellement des ornements qui décoraient la proue d’un navire représentant un dieu, un animal ou un être humain et qui avaient la double fonction de bon augure pour les longs voyages ou de d’invocation de la terreur chez l’ennemi. Si les figures de proue sont des reliques d’une histoire passée, l’artiste s’en inspire pour augmenter son répertoire d’êtres rares. Les sculptures sont accrochées en hauteur mais jamais en position dominante ; les filaments d’acier qui interconnectent les fragments qui les composent donnent une certaine légèreté à la matière sculpturale. On pourrait lire une métaphore de la fragilité et de la vulnérabilité que les oeuvres de Giulia Cenci incarnent et défient à la fois. Les oeuvres de Cenci sont des sculptures émues de notre présent, le résultat du geste de l’artiste qui s’apparente à un cri, une instance de survie. Mais à l’image du poète Zanzotto qui non si rassegna, scava ancora e scrive (ne se résigne pas, creuse encore et écrit), Giulia Cenci elle aussi assemble, construit et reconstruit, rassemble…

Commissariat : Alessandra Prandin

Giulia Cenci, dead dance, 2021-2022. Metal, résine acrylique, fibre de verre et peinture au quartz, 200x440x90cm. Vue d’xposition, 59e Biennale d’rt contemporain de Venise, 2022. Photo Roberto Marossi. Courtesy La Biennale de Venise et Giulia Cenci.

Exposition du 02 décembre 2023 au 10 février 2024. Le Cap Saint-Fons, Espace Léon Blum, rue de la Rochette - 69190 Saint-Fons. Ouverture du mardi au vendredi de 12h à 18h , le samedi de 14h à 18h et sur rendez-vous.