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Entretien avec Claire Trotignon par les commissaires de l’exposition, novembre 2017
Vous avez recours à différentes techniques (découpage, collage, dessin et même volume). Pourriez-vous nous dire comment vous les articulez entre elles ?
Mes recherches se focalisent sur la notion d’espace. J’aime construire des espaces au sens propre comme au sens figuré. Afin de développer les différents aspects de cette idée j’utilise les codes de l’architecture, du paysage et de la cartographie.
Ces éléments constituent les principales variables de mon processus de création et c’est au fil de l’expérimentation que j’introduis de nouvelles notions. En conséquence, je choisis les techniques qui me semblent les plus adaptées au projet ou à l’idée que je souhaite exprimer. Les compositions sur papier sont issues de prélèvements taillés dans la matière. Les éléments extraits et recomposés sont placés sur le fond blanc et apparaissent comme un objet saisissable, tantôt maquette, tantôt sculpture. Les volumes tridimensionnels sont des formes extrudées, déployées, de l’ordre de la structure où le vide domine. Ils s’appréhendent comme des dessins dans l’espace. Au sein de ma pratique, j’aime que le dessin interroge le volume et inversement, les deux sont intimement liés. L’objectif oscille toujours entre la possibilité de maîtriser l’espace et le fait qu’il nous échappe.
Quel est votre rapport au passé, à l’archéologie, à l’histoire de l’art ou à l’archive ? Êtes-vous collectionneuse ?
Je recherche et collecte continuellement des papiers anciens, gravures, ouvrages… S’il s’agit bien de vestiges, ils proviennent parfois d’un passé plus ou moins lointain et ont une valeur plus ou moins historique !
Les éléments que je collecte sont destinés à être décomposés, déconstruits et reformulés dans un nouvel ensemble, riche sémantiquement car il regroupe des parties qui elles-mêmes recèlent des totalités absentes. En effet, je produis une forme d’archéologie dans laquelle j’introduis des éléments contemporains.
Les variables sont donc nombreuses, sans qu’il n’y ait ni réel début, ni fin. Chaque œuvre débute son parcours avant moi. J’agis en matrice : le processus de déconstruction et le dessin marquent le présent. L’œuvre poursuit son histoire à travers son interprétation. Ma position se situe dans un entre-deux, pour tendre vers une mise en abyme de l’espace.
Dans les espaces que vous imaginez, se créent des tensions entre pleins et vides, plats et volumes, ancien et moderne, construction et chaos… Peut-on parler de jeux d’oppositions dans votre travail ?
J’aime créer des espaces insaisissables, des non-lieux. Face à la représentation d’un espace partiellement figuratif, les paradoxes sont les éléments, les indices qui vont amener au questionnement, à s’interroger sur la véracité du propos, de l’information. Ils renversent notre première perception et remettent en cause nos certitudes. À travers cette large marge blanche récurrente dans mes compositions, la notion de cadrage est directement liée à la question du prélèvement, de la fragmentation du champ du visible : il s’agit de choisir, d’éliminer. La feuille blanche me permet en outre de passer du plan au volume, de la carte à la construction, à l’élévation. L’échelle est troublée et le manque d’attache procure aussi bien un sentiment d’inaccessibilité que de maîtrise. La composition centrale agit comme un dessin dans l’espace, un volume sculptural que l’on pourrait contourner ou saisir. Le vide structure le plein. Les fragments comme le vide sont d’ordre non fini. Et de cette nouvelle entité, qui émerge de la composition, peut naître une dynamique ouverte au choix et à la liberté d’interprétation, de prolongement.
Pourriez-vous nous parler de la signification et de l’origine du titre de l’exposition «Ultimo and the clusters » ?
« Ultimo and the clusters » raisonne à mon oreille comme le nom d’un groupe de musique qui jouerait les partitions éclatées de mes explosions de fragments. Il se rapporte aussi à mon processus artistique qui oscille entre la partie et le tout. « Ultimo » c’est le dernier, l’ultime fragment associé au « cluster », le groupe déjà posé sur le papier. « Ultimo » détermine la fin du processus et le début de l’œuvre.
Vous nous avez indiqué que le titre de « Orion ces hiver » est l’anagramme de la pièce « Version heroic » qui la précède. Développez-vous un système de réponse, d’écho entre vos pièces ? Travaillez-vous par séries ou par citation ?
Je travaille souvent par séries que je ne clôture jamais. J’en ouvre de nouvelles et parfois reviens sur une précédente. Au fur et à mesure, elles se distinguent tout en se nourrissant. Et certaines se font écho. « Version Heroic » est une composition récente que j’aimais particulièrement, alors j’ai décidé d’en réaliser un autre point de vue, un peu différent, en représentant le même lieu quelques mètres plus loin. Cette succession n’est pas si anecdotique, car la création de cet espace a quasiment créé un nouveau territoire.
Claire Trotignon, Orion cet hiver, 2017. Dessin, collage de gravure ancienne et gouache
Communiqué de presse
Des dessins de Claire Trotignon surgissent des fragments de gravures anciennes qu’elles amassent pour devenir ensuite matériaux de ses propres créations. L’artiste crée des environnements suspendus et se joue de notre perception entre réel et imaginaire. L’équilibre s’installe entre ses constructions où règnent tension et précision.
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Gilles Aillaud
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Marika Prévosto
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sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.
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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.
Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.
Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.
À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.
Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…
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Exposition du 13 janvier au 17 février 2018. Espace d’art contemporain Camille Lambert, 35, avenue de la Terrasse - 91260 Juvisy-sur-Orge. Tél. : +33 (0)1 69 57 82 50. Entrée libre du mardi au samedi de 14h à 18h et sur rendez-vous.