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Mais Azul, Jacinto et Marino, ce sont également des prénoms et des noms courants en Amérique latine et en Espagne ; et dans la cosmogonie propre aux artistes, c’est le nom d’un personnage à la fois chaman, poète et anarchiste, dont on ne sait plus très bien s’il est réel ou fictif. Ce personnage permet à Rometti Costales de dérouler de multiples fils narratifs et quelques concepts récurrents dans leur travail. Azul Jacinto Marino incarne par exemple le concept d’anarchisme magique (anarquismo mágico) que les artistes ont forgé tel un jeu, à la fois poétique et politique, qui courre d’une exposition à l’autre.
L’histoire de ce concept imaginaire s’appuie sur quelques faits réels : en 1953, un des derniers représentant de la colonne Durruti, faction anarchiste en lutte contre le régime de Franco durant la guerre civile espagnole, part s’exiler en Bolivie. Au coeur de la forêt amazonienne, le combattant décide de construire une micro société anarchiste. De la familiarité qui s’installe avec les tribus amérindiennes voisines, naît une communauté hybride et étrange, mêlant aux thèses anarchistes (sans dieu ni maître, sans loi ni hiérarchie sociale), l’expérience chamanique qui permet d’entrevoir via la transe et la magie une vision non pyramidale du monde, où coexistent de manière égalitaire différentes entités, où l’homme n’est plus au
centre du monde mais dans le monde, au même titre que le jaguar, un éclair dans le ciel, le cactus, une nuance de bleu, un mot dans le langage…


Ce qui intéresse les artistes dans cette rencontre entre deux cultures a priori éloignées, c’est la puissance combinatoire de deux systèmes de pensée, l’un politique et l’autre magique. Ainsi dans le travail de Rometti Costales, la fiction, le mythe et l’imagination sont des outils à même de décupler notre habilité à penser le réel et l’action politique.


Le duo puise par ailleurs dans les thèses de l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro qui a développé le concept de
multiperspectivisme, selon lequel il s’agit d’envisager une culture commune en regard d’une multiplicité de natures, renversement complet du présupposé dominant de la pensée occidentale, qui pense une nature commune en regard d’une multiplicité de cultures.

C’est pourquoi Rometti Costales invitent dans leurs expositions des « agents » d’origines diverses, qu’ils considèrent comme auteurs de l’exposition à part entière, et qui incluent cette possibilité de perspectives multiples. Ces « agents » pourront être : la lumière changeante du soleil et ses reflets colorés dans l’espace d’exposition, un insecte, une plante, la fumée d’une cigarette… Les artistes se laissent ainsi volontiers guider par l’aléatoire et l’indétermination que ces divers agents impliquent, acceptant l’instabilité fondamentale des objets convoqués.


Texte d’ « aide à la visite » de Rometti Costales


Combien de temps une cigarette met-elle à se consumer ? De quoi dépend le fait qu’elle se consume plus ou moins vite ? Quelle distance pourrait-on parcourir pendant le temps moyen d’une cigarette ? Et quelle est la distance entre deux ou trois idées pendant que l’on fume ? On peut dire que la durée moyenne, très approximative, d’une cigarette est de 4 à 7 minutes. La mesure du périmètre de l’espace inférieur, au rez-de-chaussée de la synagogue, est de 425 cigarettes fumées par les Delmois (Espace-temps fumé). Grosso modo entre 1700 et 2950 minutes parties en fumée. Les fumeurs pourront adapter les mesures à leur propre temporalité, et pour ceux qui ne fument pas, qu’ils demandent au premier fumeur qu’ils connaissent, peut-être cela les amènera-t-il à réfléchir quelque peu sur leurs habitudes. Si le temps parti en fumée du périmètre inférieur rend leurs mesures si fluctuantes, il est possible que les Echelles psychonautiques d’un espace d’égalité en fleur servent de référent plus juste. Les échelles photographiques sont utilisées en archéologie comme référent pour documenter les objets découverts ou pour visualiser la profondeur d’un chantier de fouilles. La fonction de ces outils ne devient tangible qu’au travers de l’image qui en est faite. Les échelles présentes dans l’exposition sont faites de branches de Huisache (Acacia Tenuiflora), un arbre qui appartient à la famille des acacias les plus fréquents, dans les zones semi-arides du Mexique, dont l‘écorce contient de la DMT, une substance psychotrope très puissante. Est-il possible de se servir d’une branche comme d’une échelle de référence ? Quelle est la dimension d’un objet si son unique référent est une branche d’acacia psychoactif ? Comment une substance psychotrope peut-elle redimensionner les mesures et le volume d’un objet ? Nous ne le savons pas et nous ne le saurons probablement jamais.

 

Nous ne savons pas non plus très bien comment les Doigts d’Antonio García Barón, un anarchiste espagnol qui a perdu sa main en chassant un jaguar, se sont transformés en cactus, en corail fossile, et en plante grasse, qui à son tour évoque la forme du cactus. Une plante, un animal fossile, béton et végétal, simulacre et artifice. Les doigts d’une philosophie politique radicale appliquée au beau milieu de la jungle. Ok.


Peut-être les reflets des Artefacts voyageant dans les profondeurs d’une surface de marbre dans le Musée d’Art Préhispanique Rufino Tamayo pourront-ils éclairer l’origine de cette contingence, tandis que les couleurs et les figures hallucinantes et extatiques Totonaques et Olmèques flottent dans leurs profondeurs minérales. Ce que nous savons, c’est que nous ne savons pas à quelle heure vous êtes venu dans l’espace d’exposition et si vous êtes parvenu à voir ou pas l’Autoportrait d’Azul Jacinto Marino,qui apparaît seulement à certaines heures du jour, et sans doute de manière beaucoup plus fugace à cette période de l’année. Cet autoportrait est fait à partir d’un pigment, connu comme le Bleu Maya, une alliance réussie entre organique et inorganique, l’Indigofera Tinctoria et la Paligorskita, respectivement plante et minéral. Et l’objet posé sur la balustrade de l’étage supérieur n’est-il peut-être rien de plus qu’une Cape de pluie, qui aurait protégé Azul Jacinto Marino d’un potentiel désastre naturel tandis qu’il cartographiait les vêtements trouvés sur les terres de Xalu’ (Cup or Cat).

 



 



Le texte de Marie Cozette


Le titre de l’exposition à la synagogue de Delme, Azul Jacinto Marino est à l’image du travail mené par Rometti Costales depuis huit ans : polysémique, multidirectionnel, équivoque, riche de multiples facettes ou interprétations. Si les termes renvoient au premier abord à trois nuances de bleu, bleu azur, bleu jacinthe et bleu marine, ils évoquent aussi la pierre d’azurite, une plante, la mer et le ciel, oscillant entre ces divers mondes, minéral et végétal, solide et liquide, visible et invisible.




























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Gilles Aillaud  

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Marika Prévosto   


À

sandie hatem

 

  


 jul 1 à 2h10 PM  







Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent





En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.



























































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  Rometti Costales, Azul Jacinto Marino
  La synagogue, centre d’art de Delme

  17.10.2015 - 28.02.2016

Exposition du 17 octobre 2015 au 28 février 2016. La synagogue, 33 rue Poincaré - 57590 Delme . Tél : + 33 (0)3 87 01 35 61. Ouverture du mercredi au samedi de 14 h à 18h et le dimanche de 11 h à 18h.









Rometti Costales, Azul Jacinto Marino, La synagogue de Delme

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