Archives expositions personnelles France
Archives expositions personnelles (T)
Dans le titre du communiqué du Musée de l'Homme publié à l'occasion de sa réouverture qui accueille pour cette grande occasion l'artiste Pascale Marthine Tayou, celui-ci est qualifié de « grand assembleur ». Cette qualité peut répondre à l'interrogation sur l'omniprésence pour plus deux mois des œuvres de cet artiste dans tous les espaces d'une Maison d'antiquaire. Né au Cameroun, vivant et travaillant en Belgique, connu internationalement depuis 1990, l'artiste autodidacte qui parcourt le monde explore tous types de médiums : sculpture, installation, photographie, dessin, vidéo. Si les deux dernières disciplines citées ne figurent pas dans l'exposition chez Aveline, il n'en reste que les célèbres Poupées Pascale, Sauveteurs et autres figures transparentes constellées de divers éléments – souvent de récupération – sont réalisées à partir de dessins confiés à des moines sculpteurs d'un petit village en cristal de Toscane. L'artiste se dit citoyen du monde ; depuis le début de sa carrière, il porte un double nom au féminin et élude toute limitation géographique ou culturelle. Mais aussi temporelle, puisqu'ici, ses œuvres voisinent étroitement avec les meubles et objets précieux souvent datés de l'époque Louis XV en France.
Comme l'indique le titre de l'exposition, Paradis(e), Pascale Marthine Tayou met en scène un monde enchanté plus que désenchanté. Il met en scène chez Aveline un nouveau village global, où toutes les séquences de la vie sont représentées. Comme il l'indique dans sa page personnelle sur le site des Beaux-Arts de Paris où il enseigne, « Créer, c'est se jeter dans le vide qui cerne les frontières de l'inconnu, c'est survoler l'enfer du décor qui mène au paradis, c'est célébrer l'effacement en rasant des murs truffés de lames de rasoir, c'est essayer de s'échapper du passé en accumulant les pages du futur éphémère. Créer, c'est construire la vie dans un système éternellement morbide car refuser de mourir c'est surtout ne pas faire semblant de vivre. »
On peut imaginer que Pascale Marthine Tayou a élaboré son exposition chez Aveline à l'instar de ses ateliers dans l'école des beaux-arts : « des salles de mariages, d'enfantement, d'accouchement, d'allaitement et... de divorces. Une fenêtre ouverte sur les axes du bien et du mal qui nous côtoient, un laboratoire où des scènes de vies seront aussi réelles que fausses... ». Prenons avec patience le temps d'étudier chaque sculpture, ses détails, afin de pénétrer dans ce monde dense, coloré, fourmillant de vie et de pulsations, entre sorcellerie et prosaïsme quotidien. Au rez-de-chaussée, une grande photographie détaille un autoportrait de l'artiste à proximité des deux bronzes imposants, faussement hiératiques, intitulés Pharaon King. Du haut du patio se déploie l'immense installation, intitulée avec humour Coton Tiges, réalisée en 2015. Des œuvres murales de grandes dimensions et de factures très variées font vivre tous les murs des espaces, dessinant des espaces matériels sensibles délimitant le clair-obscur à grand renfort de fusain, de bois, de plumes, d'épingles, de craies blanches ou colorées, de chocolat, de café - ou même de lames de rasoir, ici pour des œuvres faussement abstraites, avec un double sens évoqué plus haut par l'artiste, qu'on retrouve dans son utilisation du cristal ou du coton, en regard de la situation de l'Afrique dans ces domaines et bien d'autres. Souhaiter un village global ne signifie pas bien sûr que rien ne reste à faire ! Est-ce dans cet esprit que Pascale Marthine Tayou a piqué dans tous les murs de la Maison d'antiquité des centaines d'œufs de porcelaine multicolores, encore un message à double sens pour celui qui a posé la question : « Ca veut dire quoi, être artiste dans une société où il y a un million d'urgences ? »
Texte de Pascale Marthine Tayou, Gand, le 8 mai 2015, 23h08
« Trouver le sentier du paradis, découvrir le bonheur et re-participer « dans le plaisir »...
« Lorsque des mots naît un rêve, sa phrase encadre le divin,
Lorsque le plaisir célèbre l'inconnu, la forme taille les tours,
Le hasard confirme nos désirs quand l'esthétique engendre le plastique
S'ouvrent alors très progressivement, les larges portes du paradis à l'aube du jour.
Paradis(e) comme le titre d'un nouveau né,
Une aventure visuelle telle une friandise à offrir,
Un délice plastique à consommer sans modération.
Paradis(e) sera un jeu de formes, de sens et de contresens
Convergence chorégraphique de doutes et de certitudes,
Du confort à l'inconfort dans un tube à essai sucré ou salé,
De l'imparfait au plus-que-parfait conjugué à l'imperfection,
Un plat de résistance pour combler la case des couleurs et des matières,
Temple des saveurs et d'épices, bouillonnement d'envies et de désirs...
Prendre son temps à l'affût du bonheur,
Mûrir la trame du scénario dans l'attente de l'instant idéal,
Rentrer ensuite sa clé dans l'axe de la jouissance,
Tourner délicatement sa tige dans la serrure au moment de l'acte et...
Pousser dans un beau soupir le lourd portail du rêve né des mots.
Créer c'est mélanger le bien et le mal,
C'est soigner le creux de nos plaies,
Pleurer de joie et de peine tout simplement,
Paradis(e) au féminin masculin,
Paradis(e) au pluriel singulier,
Juste un jeu d'enfant ! »
Exposition réalisée en collaboration avec Galleria Continua San Gimignano / Beijing / Les Moulins / Habana.
Communiqué de presse
Dialogue entre passé et présent. Et si au fond, c'était cela le paradis ? Né en 1966, Pascale Marthine Tayou, autodidacte, partageant sa vie entre Gand et Yaoundé, crée toujours à la croisée de l'Afrique et de l'Occident. Pascale Marthine Tayou serpente librement entre guéridons, fauteuils, commodes, tableaux et objets de plus de trois cents ans d'histoire, sa vision du monde, son propre paradis, conçu spécialement pour l'exposition.
Et si au fond, c'était cela le paradis ? Un lieu qui rassemble toutes les époques du XVIIIe siècle à aujourd'hui, et bien avant encore. Un lieu qui réunit tous les arts et toutes les facettes de l'être humain, de sa petitesse à sa grandeur. Un lieu qui détourne les objets et nous laisse sans explication.
« Les objets, c'est le dénominateur de mon action existentielle. Le matériau, c'est tout ce que je trouve sur mon chemin et détourne pour y insuffler une âme. » Pascale Marthine Tayou
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Gilles Aillaud
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Marika Prévosto
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sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.
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Exposition du 20 octobre 2015 au 10 janvier 2016. Aveline - Antiquaire, 94 rue du Faubourg Saint-Honoré - 75008 Paris. Tél.: +33 (0)1 42 66 60 29. Ouverture du lundi au samedi de 10h à 19h et sur rendez-vous.
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