Archives expositions personnelles France
Archives expositions personnelles (E-F)
« Chacun de mes travaux commence toujours d’abord par une rencontre, celle d’un lieu, d’un contexte, d’une personne, d’un document, d’une histoire… et c’est à partir de là que le travail commence. Je m’intéresse aux témoignages, aux documents, à l’histoire quand elle est officielle, à l’histoire quand elle est officieuse, au vécu qu’ont gardé certains objets ou certaines matières premières… Tous ces éléments deviennent les outils dont je me sers pour échafauder chacune de mes pièces. L’être humain est le personnage principal. » M. Avila Forero
Vivant et travaillant à l’année à Paris et à Bogotá, l’artiste construit sa démarche à l’identique de ses voyages dans un mouvement fait d’échanges, de partages de savoirs, qu’il matérialise dans le fait de réactiver les us et coutumes de la Colombie. Il nous fait basculer dans son histoire, questionnant simultanément tradition et transmission orale.
Au château des Adhémar, Marcos Avila Forero déploie un panel d’oeuvres récentes en lien avec l’histoire du « mythe de la caverne », de l’archéologie, de la trace, dans des productions spécifiques et d’autres recontextualisées. Que ce soit dans la scénographie ou dans le choix des pièces, l’exposition crée un scénario qui nous fait pérégriner dans un univers aux facettes politiques et poétiques.
À titre d’exemple, au rez-de-chaussée du château, se déploie A San Vicente, un entraînement, une fresque dessinée et composée de matériaux bruts. Cette oeuvre nous mène en forêt colombienne lors des entraînements de la guérilla, avec des fusils en bois sculptés pour partie brûlés ; l’ensemble est accompagné de sons enregistrés sur un dictaphone, ceux des combattants qui imitent le bruit des balles. La mise en espace de cette installation est propice à l’immersion dans l’atmosphère d’une lutte civile, dans la mise à l’épreuve et nous amène à un ressenti singulier. Avec la vidéo projection Atrato, c’est de la rémanescence d’une tradition musicale dont l’artiste traite : en effet, l’Atrato est un fleuve-clef qui traverse la forêt du Chocó en Colombie, une des principales artères du conflit armé dans ce pays. L’oeuvre est le résultat d’une action que Marcos Avila Forero a menée dans cette zone auprès d’un groupe de riverains d’origine afro-colombienne. Ces personnes récupèrent leurs coutumes et font du fleuve un instrument. Ainsi, une « violence accoutumée » se transforme en musique : en frappant la surface du fleuve d’une façon particulière, ils produisent un son de basse qui peut retentir sur des distances lointaines. L’artiste les a incité à réaliser, avec cette technique nouvelle, une composition qui puisse faire l’analogie avec les bruits d’explosions, de rafales et d’impacts de balles qu’on entend souvent sur le fleuve.
Ce projet a servi d’expérience pilote dans un programme de récupération du patrimoine mené par des organismes gouvernementaux et indépendants locaux. La fabrication de cette pièce a été collégiale à plusieurs titres puisque soutenue par des chercheurs (anthropologues, ethnomusicologues et musiciens) et des habitants.
Le procédé est le même avec les Palanqueros, cette sculpture formée de tambours transformés par leur interprétation en un voyage et confectionnés à partir de savoir-faire traditionnels. Ils ont été créés dans le cadre de la résidence à la Fondation Hermès. Dans cette même optique, au château des Adhémar, l’artiste va produire une camera obscura géante qui permettra de construire des images et de faire de la photographie sténopé. Chaque projet est une aventure humaine en soi, une collaboration :
« Les oeuvres de Marcos Avila Forero sont immergées dans la réalité complexe et parfois violente de situations sociales qu’il restitue non pas comme un observateur impartial, mais en mêlant à son travail les éléments (matériaux, histoires, symboles) qui la constituent. Ses oeuvres portent ainsi l’empreinte d’une rencontre, d’un récit ou d’un parcours. Ce sont des micro-fictions faites de bric et de broc, qui cherchent moins à démontrer ou documenter qu’à confronter des temps et des lieux qui n’auraient pas dû se rencontrer ». Daria de Beauvais
Avec une pratique protéiforme qui englobe la création de fresques murales, de vidéos souvent pensées en installation, de travaux collectifs qui mettent en exergue l’identité qui est la sienne, Marcos Avila Forero nous offre dans cette exposition une vision riche et multisensorielle de son microcosme, abordant tant des questionnements sociétaux qu’identitaires et plastiques.
Communiqué de presse
Le printemps s’ouvre au château des Adhémar avec une exposition consacrée au jeune artiste de culture franco-colombienne Marcos Avila Forero.
Issu de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, lauréat du Prix Loop 2014 à Barcelone, d’une résidence à la Fondation Hermès en 2013, du Prix des Amis du Palais de Tokyo en 2012, c’est un créateur fasciné par les déplacements des peuples, des idées et des cultures. Ainsi, à une époque de migrations et de flux, il explore les territoires, le contexte politique et social, les récits des individus – véritable matrice de son travail – pour révéler l’imaginaire du voyage et de la mémoire.
Utilisant des matériaux locaux, pauvres, symboliques, très importants pour le commerce et la survie des populations (toile de jute, palettes, barques, etc.), il s’exprime dans des fresques murales, vidéos, travaux collectifs et mises à l’épreuve. Chargées de l’histoire des hommes et des traditions, ces oeuvres sont révélatrices de l’identité plurielle qui est la sienne.
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© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2015. Tous droits réservés
Exposition du 4 avril au 7 juin 2015. Château des Adhémar Centre d’art contemporain, 24 rue du Château - 26200 Montélimar. Tél.: +33 (0)4 75 00 62 30. Ouverture tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 18h.