Archives expositions personnelles France
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Communiqué de presse
Joakim Eneroth, photographe suédois, habité par une conscience politique et sociale, utilise aussi bien le noir et blanc que la couleur, pour produire un travail éclectique, teinté d'ironie, qui lui permet de questionner les certitudes du regardeur sur sa connaissance du monde. Faisant appel au large spectre de nos sentiments : peur, angoisse mais aussi rêve et évasion, l’artiste, insaisissable, change volontiers la forme de ses photographies à l’occasion de chaque nouvelle série.
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Gilles Aillaud
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Marika Prévosto
À
sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.
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Le texte de Julie Estève, juin 2015
Des hommes grands comme des ongles, seuls, errent dans des espaces blancs, immenses. Ils marchent entourés de forêts nivéennes, devant des pics rocheux couverts de brume, de neige, ou s’arrêtent sur un morceau de banquise au milieu d’une mer de givre. Et le froid a tout pris. Il a enveloppé l’air, l’eau, le ciel, d’un souffle polaire. Les égarés de Joakim Eneroth cherchent à leurs oreilles les chuchotements du vide comme une petite musique perdue. Ils sont au coeur de leurs crânes, dans des paysages intérieurs, intimes. Ils sont quelque part en exil et voyagent à rebours, dans les horizons arides de leur mémoire. Pas un bruit, rien. Juste le silence qui murmure et des corps qui rêvent sans dormir.
Les photographies de Joakim Eneroth ressemblent à des méditations, des images mentales, des géographies sous hypnose. On y trouve aussi une bouée orange et un matelas pneumatique vert fluo, sans personne maintenant, qui flottent abandonnés sur des lacs ou des océans d’huile. On y découvre un toboggan géant aquatique paumé dans des neiges éternelles, des piscines particulières ou olympiques, devenues sauvages et orphelines, plantées au milieu de nulle part, dans des déserts d’automne et d’hiver. Les saisons ont beau courir, les piscines restent pareil : bleues limpides.
Joakim Eneroth s’arrime au vide. Un vide ensommeillé, engourdi qu’il semble arracher à son subconscient, aux profondeurs de sa matière grise. Et tout à coup, ça se resserre. Les grands espaces, les forêts, les mers, les campagnes disparaissent. Et la ville s’amène avec ses réverbères et ses immeubles hauts comme des tours qui laissent à chaque étage un carré de fenêtre, rien qu’un carré pour voir ce qu’il reste du monde et des hommes. Et puisque c’est encore trop large, il n’y aura bientôt
qu’un oeil de judas flanqué dans une porte. Un trou minuscule pour regarder dehors sa solitude et rester caché, comme à l’abri. Mais après l’oeil de judas, il y aurait quoi ?
Si les paysages pouvaient se condenser, se comprimer dans un rond, un cube ? Si la nature pouvait tenir dans une boîte ? Il n’y aurait qu’à en faire l’expérience mentale. Joakim Eneroth s’aventure là dans l’abstraction conceptuelle. Et les forêts et les crépuscules deviennent alors des idées, des sculptures tridimensionnelles en lévitation, la contraction de toutes les forêts, de tous les crépuscules : un résumé de toute la beauté du monde.
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2015. Tous droits réservés
Exposition du 14 novembre au 23 décembre 2015. Artothèque de Caen, Palais Ducal, Impasse Duc Rollon, 14000 Caen. Tél +33 (0) 2 31 85 69 73. Ouverture du mardi au samedi de 14h à 18h30.