Archives expositions personnelles France
Archives expositions personnelles (R)
Uniquement visible depuis le point de vue de l’appareil photo de l’artiste, elle prend la forme d’une barrière de blocs blancs entourant les colonnes et reliés entre eux par une barre de couleur rouge, suggérant comme les voiles d’un bateau qu’un rai de lumière vient traverser. « Finalement d’un mot à l’autre, d’un dessin à l’autre, mes voiles ressemblèrent à des paravents entourant les piliers, disséminés dans la salle des Gens d’armes », Georges Rousse.
Peintre, sculpteur et architecte, mais aussi photographe, l’artiste intervient sur l’espace qu’il présente comme son matériau premier. L’architecture est ainsi le principal vecteur de sa démarche artistique qui vise à transformer un lieu, un bâtiment, le plus souvent abandonné, en espace pictural et à y construire une oeuvre singulière et éphémère que seule la photographie restitue. En effet, tout est pensé et mis en scène dans le but de créer une image photographique, à la fois mémoire du lieu et de sa métamorphose poétique. Les formes qu’il peint ou dessine, les volumes et architectures qu’il construit sont éclatés, fragmentés, sur les différents plans spatiaux des lieux qu’il investit. La photographie rassemble alors l’image dans une synthèse où les éléments disséminés s’unissent pour rendre visible l’imaginaire de l’artiste.
Au-delà du simple jeu visuel, cette fusion des espaces dans l’image photographique pose également la question de la reproduction du réel par la photographie, de l’écart entre perception et réalité, imaginaire et réel. En fusionnant l’espace architectural réel et l’espace fictif, l’artiste bouleverse nos certitudes et habitudes sensorielles. La création d’une œuvre est aussi pour Georges Rousse une expérience d’ordre métaphysique, une immersion dans la couleur et la lumière, dans la plénitude du vide.
Pour concevoir son oeuvre, Georges Rousse s’est imprégné de la salle des Gens d’Armes de la Conciergerie avant de réaliser une aquarelle, premier pas de sa démarche artistique. C’est ensuite à partir de l’endroit où il avait positionné son appareil photo que les structures de bois ont été montées, puis peintes. Après deux semaines de montage et en point d’orgue de son travail, l’artiste a photographié son oeuvre. Cette photographie finale qui est exposée au début du parcours de visite. Pour la découvrir, les visiteurs peuvent circuler entre les blocs et se confronter physiquement à l’espace ainsi modifié, montré sous un aspect neuf et énigmatique. De cette vision éclatée, un point de vue unique, confondu avec celui de l’appareil photo de l’artiste, leur dévoile la barrière « virtuelle » rouge qui traverse l’espace et rivalise délicatement avec la monumentalité du lieu.
Né en 1947 à Paris, Georges Rousse se passionne pour la photographie dès son plus jeune âge. Très vite, il décide d’abandonner ses études de médecine pour se consacrer à cet art et crée son propre studio de photographie d’architecture. Petit à petit, son travail se transforme en une pratique artistique sur la trace des grands maîtres américains tels que Steichen, Stieglitz ou encore Ansel Adams. Avec la découverte du Land Art et de Malevitch, il décide d’introduire la peinture dans les lieux désaffectés, friches urbaines, bâtiments abandonnés voués à disparaître qu’il affectionne et photographie depuis toujours. Il les transforme par le dessin, la peinture, modifiant parfois l’architecture existante en découpant murs et cloisons ou en y ajoutant des structures construites. La photographie, finalité de son action artistique, contient à la fois la mémoire du lieu et la mémoire de l’intervention de l’artiste, offrant au regard une image troublante qui établit une relation inédite entre la peinture et l’espace. Passionné par l’architecture sous toutes ses formes, Georges Rousse se confronte aussi à des espaces muséaux ou historiques où les contraintes sont fortes. Il a ainsi pu investir le Guggenheim de New York, l’abbaye de Fontevraud, l’abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe, le château de Chambord et, aujourd’hui, la Conciergerie, lieu très fréquenté où l’espace est complètement intouchable.
Depuis sa première exposition à Paris en 1981, Georges Rousse n’a cessé d’exposer et d’intervenir dans le monde entier, Europe, Asie, États-Unis, Québec, Amérique Latine… et a reçu plusieurs prix prestigieux.
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2015. Tous droits réservés
Exposition du 11 septembre au 29 novembre 2015. La Conciergerie, 2 boulevard du Palais - 75001 Paris. Tél. 01 53 40 60 80. Ouverture tous les jours, de 9h30 à 18h.
Communiqué de presse
Du 11 septembre au 29 novembre, le Centre des monuments nationaux présente à la Conciergerie une installation de l’artiste photographe et plasticien Georges Rousse, Paravents. Présentée dans la salle médiévale des Gens d’armes, espace monumental rythmé par plusieurs rangées de colonnes, Paravents se présente sous la forme d’une structure en bois, support à la fois matériel et immatériel de l’intervention de Georges Rousse.
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11.09 - 29.11.2015