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Cela fait quelque temps que le duo se passionne pour le microbiote, ces milliards de bactéries qui peuplent notre corps, notre peau, nos intestins. Ces « étrangers microscopiques » que nous hébergeons, qui nous font vivre, ou nous parasitent, que nous détruisons à grands coups d'antibiotiques, ou dont nous modifions complètement l’éventail en nous déplaçant d'un bout à l'autre de la planète.

Invités à Dole, ville natale de Louis Pasteur, pour exposer au musée des Beaux-Arts et au musée Pasteur, Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin ont pensé au jeune chimiste que Pasteur fut, seul et déterminé face à une médecine enfermée dans ses présupposés et incapable de fonder ses principes thérapeutiques dans des rapports de causalité. Partant de leur propre confrontation au monde scientifique, ils ont imaginé une exposition quasi thérapeutique, qui à partir du constat de ce que nous faisons au monde, au vivant, à nous-mêmes, rêve ou cauchemar de ce qui pourrait advenir, ce qui arrive déjà, et tentent d'inventer des processus de réparation.

Ce faisant, ils proposent un parcours qui boucle leurs obsessions « microbiotiques » actuelles et leurs travaux plus anciens avec une logique évidente : replacer l'homme dans le grand bouillon des espèces, du microscopique de la bactérie jusqu'à l'infiniment grand qui nous dépasse, vers des ailleurs qui seraient à la fois l'impensé de l'univers, l'ouverture vers la mort, la vision d'autres mondes possibles. D'un invisible à l'autre donc.


Il faut de l'humour évidemment, autant que de l'engagement pour penser à la fois l'origine du monde et sa fin programmée. De la bactérie primitive à la mutation des espèces animales, et à l'appel vers un au-delà, les artistes nous amènent à penser l'ensemble du vivant dans sa globalité, véritable invitation à nous resituer existentiellement.

Le voyage remonte jusqu’aux cyanobactéries, bactéries primitives qui ont permis le développement des formes plus complexes de vie sur la terre, et qui représentent une sorte d'état premier du vivant pour la reconnaissance duquel le duo AOO est parti en croisade en tentant de faire classer le Lac Clifton (Australie) au patrimoine mondial de l’humanité.

Polymorphe, à la fois recherche ethnographique, démarche militante et projet artistique, ce travail commencé il y a quelque temps sera montré à Dole sous une forme nouvelle, et semble se poursuivre naturellement aujourd'hui avec les travaux menés sur le microbiote.


Ainsi, les Paysages microbiotiques inventés pour Dole par Art Orienté Objet, mêlent étrangeté et beauté pour rendre la complexité des découvertes sur le microbiote. La lumière noire qui fait réagir la fluorescence naturelle des pierres rares, des éponges ou des algues qu’ils utilisent pour mimer les formes microscopiques des bactéries transforme l'intérieur potentiel de nos intestins en objets précieux, et nous plonge dans la confusion entre fascination et inquiétude. La photographie scientifique nous a certes habitué aux bascules d'échelles et aux potentialités folles qu'ouvrait en termes d'images la capacité de voir et d'agrandir l'infiniment petit. Mais là encore il faut de l'humour pour jouer comme ils le font à mi-chemin entre le poétique et l'hyper terre-à-terre – car travailler sur le microbiote, rappellent-ils, c'est forcément faire « un projet de merde »... Ce faisant ils nous invitent à nous repenser comme des êtres uniques construits sur une multiplicité d’organismes.

Jusqu'où ces hôtes et « autres » microscopiques que nous hébergeons peuvent-ils agir en nous, modifier notre équilibre physiologique et psychique, provoquer ou accélérer des processus de transformations génétiques irréversibles ? Autant de questions qu’abordait déjà une de leurs premières œuvres, Injure à enfant, qu’ils recomposeront dans l’exposition, tant elle apparaît aujourd’hui comme prémonitoire de la conscience nouvelle du danger antibiotique.


Du film Denskraum, relecture contemporaine du « Rituel du serpent », image du lien fondamental des indiens Hopis à leur environnement naturel, étudié par l'historien de l'art allemand Aby Warburg au Camelus Post-humanus – squelette délirant d'un animal mutant mi-chameau mi-kangourou dressé au milieu du tas de déchets industriels qui aurait pu le faire naître – les artistes, entre angoisse et éclat de rire, parviennent à reconstruire une chaîne de causalité globale et à éveiller notre conscience au désastre écologique – au sens étymologique de l'écologie, soit l'étude de l'ensemble des êtres vivants dans leur milieu et de leurs interactions – que nous préparons.


Cet éveil passe pour les artistes par une ouverture et une recherche totalement transversales dans tous les domaines du savoir, en particulier ceux assujettis ou considérés comme minoritaires par la pensée occidentale, notamment les pratiques d'initiation et de culte des ancêtres. En effet, la Vision est essentielle à la pratique d'Art Orienté Objet, à la fois comme élément cognitif et comme déclencheur d'images et de processus créatifs. Quant aux rituels de guérison, ils jouent un rôle fondamental dans leur démarche de réparation. C'est d'ailleurs sous l'influence du Pensador (le penseur), qu’ils produisirent pour la première exposition d’art contemporain en Angola après 27 ans de guerre civile, placé au centre de l'espace que s'organise l'exposition Microbiota : cette blanche figure de cire, ce penseur, c'est celui qui communique avec les ancêtres, qui fait le lien entre tout et tous, une figure protectrice, apotropaïque, comme ces tambours brodés par les artistes qui nous aideront, peut-être, à résister à tous les mauvais sorts.


Commissaire d’exposition : Amélie Lavin






Le texte d’Amélie Lavin, Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin


Depuis 1991, les artistes Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin collaborent sous le nom d'Art Orienté Objet, explorant avec patience, détermination, courage et humour rien moins que le vivant dans sa totalité. Brouillant les frontières entre les règnes animaux, végétaux et humains, ils cherchent et expérimentent, aux croisements de la biologie, de l’anthropologie, de la psychologie ou de l'éthologie, depuis un territoire qui est celui de l'art, qui leur permet de tout oser, de tout déplacer, de tout rapprocher pour faire surgir des formes et des vérités, parfois dérangeantes, peut-être même terrifiantes.




























































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Gilles Aillaud  

Important







Marika Prévosto   


À

sandie hatem

 

  


 jul 1 à 2h10 PM  







Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent





En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.



























































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Exposition du 10 juin au 25 septembre 2016.

Musée des Beaux-Arts de Dole, 85 rue des arènes - 39100 Dole. Tél : 33 (0)3 84 79 25 85. Ouverture tous les jours de 10h à 12h & de 14h à 18h sauf dimanche matin et lundi. Entrée libre.

Maison natale de Louis Pasteur, 43 rue Pasteur - 39100 Dole. Tél. : 03 84 72 20 61. Ouverture tous les jours de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h.







 










Art Orienté Objet, Microbiota

© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2016. Tous droits réservés

  Art Orienté Objet, Microbiota
  Musée des Beaux-Arts et Maison natale de Louis Pasteur, Dole

  10.06 - 25.09.2016