Archives expositions personnelles France
Archives expositions personnelles (P-Q)
Pour réaliser cet exploit, il a travaillé de concert avec Jean-Paul Désidéri, régisseur du Musée Gassendi et du CAIRN Centre d’art. Ils ont réfléchi ensemble aux éventuels problèmes qu’Abraham pourrait rencontrer. Leur travail de recherche et les différentes études qu’ils ont faites seront montrés dans l’espace d’exposition, entourant bien évidemment l’ours lui-même. Mais au-delà des prouesses physique et technique résident une dimension subjective. Ainsi, quel sens profond y a t-il dans une telle action ? Ce besoin d’Abraham Poincheval de ne faire qu’un avec l’animal lui est venu suite à ses multiples rencontres avec des carcasses d’animaux morts lors de son périple en Gyrovague au cœur des Alpes. Faire cet acte est pour lui une renaissance, celle de passer du monde des morts au monde des vivants.
D’autant plus que cette transcendance entre l’ours et l’homme existe depuis la nuit des temps. A travers les âges, l’ours fut vénéré, des rites totémiques, chamaniques, guerriers lui furent consacrés. Symbole de force, l’ours était présent sur les blasons des rois, les écussons des grandes villes. A l’origine, il était même le roi des animaux. Puis au Moyen-Âge cet animal fut rabaissé et ridiculisé par la religion chrétienne afin de contrer les rituels païens dont il était l’objet.
Ainsi, le lion le remplaça dans tous ses attributs ; et l’ours devint une bête dénigrée, chassée et exterminée. Ce n’est qu’à la fin du XIXème et à l’orée du XXème siècle que l’ours reprit ses droits, que ce soit dans la culture, l’art et bien sûr la nature. Etant devenue une espèce en voie de disparition en Europe, plusieurs pays interdirent l’avilissement de l’ours dans les cirques et la chasse à l’ours. Dans les Alpes françaises, le dernier ours avait toutefois été abattu à la veille de la première guerre mondiale. Par ses montagnes environnantes, choisir Digne comme lieu de (re)naissance d’un tel événement fait donc réellement sens. De cette idée si invraisemblable de prime abord, résiste un indéfectible état : ici, influencée par des rituels ancestraux, l’âme de l’ours va une nouvelle fois se confondre à celle de l’homme.
« Les hommes et les sociétés semblent hantés par ce souvenir, plus ou moins conscient, de ces temps très anciens où avec les ours ils avaient les mêmes espaces et les mêmes proies, les mêmes peurs et les mêmes cavernes, parfois les mêmes rêves ». (Michel Pastoureau, L’ours : Histoire d’un roi déchu, éd. Seuil, Paris, 2007).
© Abraham Poincheval - 2013
Communiqué de presse
Le CAIRN, centre d’art contemporain de la ville de Digne, accueille du 10 juillet au 1 septembre 2013 l’exposition personnelle d’Abraham Poincheval : Ours.
Après Gyrovague, ce prochain projet performatif sera l’occasion pour l’artiste de repousser une fois encore ses limites. Son nouvel objectif est de vivre dans un ours brun naturalisé, sans en sortir, et cela durant deux semaines. Comment vivre, manger, boire, faire ses besoins et dormir dans le ventre d’une telle bête ? Autant d’interrogations qui peuvent faire sourire mais qui dénotent une somme de contraintes sous-jacentes.
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10.07 - 01.09.2013
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2012. Tous droits réservés
Exposition du 10 juillet au 1er septembre 2013. Le CAIRN centre d’art, 1, boulevard Victor Hugo - 04000 Digne-les-Bains. Ouverture du mercredi au dimanche, 12h-19h. Entrée libre.