Archives 2ème semestre 2014

Nilbar Güres

BTV F.O.KU.S, Innsbruck (Autriche)

27.11.2014 - 18.01.2015

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Communiqué de presse


Dans son art Nilbar Güres explore les identités culturelles, les processus culturels et les processus induits socialement concomitants de normalisation en même temps que les dessous fantasmatiques de ces règles. Nilbar Güres aborde les clichés de la visibilité des femmes dans la société afin d'élaborer d’elle des contre-images provocantes où elle subvertit les attributions de rôle traditionalistes en mettant en jeu la résistance de la société occidentale envers les codes vestimentaires de cultures de religion dominante. Dans de grandes photographies, semblables à des captures fixes de films, elle construit ce qui semble être des situations quotidiennes dans lesquelles elle insère des éléments perturbateurs en employant ingéniosité lyrique et boutade critique. Avec sa dramaturgie subversive, des images qui semblent apparemment familières, des contextes classiques de la vie féminine, deviennent étranges, parfois oniriques dans des scénarios qui sont souvent chargés d’une abondance d’(homo)érotisme.


















Bill Viola, Transformation, Fondation Faurschou, Pekin

Exposition du 27 novembre 2014 au 18 janvier 2015. BTV FO.KU.S, Foto Kunst Stadtforum Bank Für Tirol und Vorarlberg AG, Stadtforum 1 - 6020 Innsbruck (Austria). Tél. : +43 (0)5 05 333 1409. Ouverture du lundi au vendredi de 11h à 18h, le samedi de 11h à 15h.





 











Les titres de la série "TrabZONE" (2010) et "Çirçir" (2010) se réfèrent aux deux lieux associés à des souvenirs d'enfance de l’artiste; Trabzon, la ville turque de la mer Noire, et Çirçir, qui est située à la périphérie d'Istanbul. Pour "TrabZONE," Güres a rendu visite à ses «protagonistes» dans les collines rurales proches de la ville. Dans Junction, elle installe une personne âgée et une jeune femme en face de deux panneaux qui émergent dans un carrefour symbolique. Dans l’oeuvre en quatre volets Apiculteur, Güres utilise les vêtements de protection bizarre d’une apicultrice pour ses scénarios de déguisement et d'affichage, de présence et d'absence. Les vêtements endossent partiellement une vie propre, deviennent pratiquement des sculptures, ou ils se coincent dans les arbres comme si leur propriétaire avait disparu depuis longtemps. Dans "Çirçir" - devant et à l'intérieur d'une maison abandonnée, qui appartenait autrefois à la famille élargie de Güres et a qui dû faire place à un tunnel Güres rassemble un certain nombre de femmes de différents milieux sociaux que posent pour une photo de groupe "bégueule" intitulée Un portrait de famille en dehors de la maison avec différentes personnalités, différentes générations dans différents styles de robe. Güres, cependant, introduit un élément perturbateur: Il y a trop de mains dans l'image appartenant à des personnes qui se cachent derrière les femmes; elles ajoutent un sens plein d'humour et cryptique à la femme "de famille idyllique." Dans Overhead elle déplace la scène à l'intérieur de la maison: Une femme âgée aux pieds nus semble porter sans effort un monceau gigantesque de linge, de couvertures et d’oreillers dans ses mains qui atteint presque le plafond, cachant son visage, un autre symbole de l'équilibre de la vie d'une femme entre bonheur domestique et charge obligatoire.

Nilbar Güres a un regard lucide sur le symbolique dans les événements quotidiens. Une force créatrice remarquable se manifeste dans ses performances, photographies, collages ou sculptures pour transcender le profane et apparemment le soulever à un niveau à la fois rebelle, lyrique et sensuel tout en négociant des thèmes liées à la structure. Elle accomplit cela à la fois à travers sa profonde connaissance et sens du professionnel, de l’artisanal ou plus largement de l’esthétique des contextes journaliers d’où proviennent ses protagonistes féminines, mais surtout par un engagement résolu et sensible avec les personnes pour qui elle crée des espaces. La fascination que dégage l'art de Güres est dû en partie aux arrangements subtils - toujours vifs et picturaux – mais aussi à son approche interactive dans la direction de ses femmes "artistes" qu'elle implique dans ses émancipations à contre-courant avec l'empathie et imagination. A cet égard, ses œuvres sont aussi des allégories politiques pour les sociétés en transition.






Nilbar Güres, YOL AYRIMI TrabZONE SERİSİ'nden / JUNCTION, 2010. C-print, 100 x 150 cm. From the "TrabZONE" series.

Nilbar Güres, YOL AYRIMI TrabZONE SERİSİ'nden / JUNCTION, 2010. C-print, 100 x 150 cm. From the "TrabZONE" series.


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