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La peau de l’objet


Jouant sur la surface et l’apparence des choses, Anish Kapoor fait de la peau une image forte pour comprendre son travail. La peau, lieu de toutes les sensations, marque une frontière entre un intérieur et un extérieur. A ce double titre, les œuvres d’Anish Kapoor sont typiquement des lieux de sensations et des marqueurs de frontières. L’attention méticuleuse portée par l’artiste à la texture, aux quelques microns par lesquels l’œuvre est en contact avec le monde est un concept. Celui-ci désigne alors cette recherche d’un art qui trouve le profond à la surface. C’est à la faveur d’une sensation physique que l’œuvre dévoile sa profondeur. Ainsi, que ce soit grâce aux sculptures monumentales en membrane de PVC (Marsyas, 2002) ou aux surfaces réfléchissantes des sculptures miroirs (C-Curve, 2007), la peau est le lieu d’une révélation, mais aussi d’une illusion, c’est là que se crée l’idée parfois fictionnelle de la forme, de la masse, des connotations.


L’œuvre comme paysage


Anish Kapoor est intervenu à plusieurs reprises dans l’espace public urbain (Cloud Gate, 2004, Sky Mirror, 2001, etc.) ou à l’échelle du paysage (Dismemberment Site I, 2003-2009, Temenos, 2006). Ces œuvres, que l’on peut parfois qualifier d’œuvres du Land Art, ont pour caractéristiques d’être elles-mêmes des paysages, plus ou moins abstraits et formels, toujours saisissants. Les formes dessinent de nouveaux horizons et les matières composent de nouveaux reliefs (My Red Homeland, 2003). Le paysage est l’identité du monde à un instant donné. C’est cette identité que l’artiste capture et qu’il transforme pour donner accès à de nouvelles dimensions.



Le vide


Echappant par nature à toute matérialisation, le vide est à la fois ce qui manque et ce qui nous est toujours donné. Pour Anish Kapoor, le vide est un motif récurrent qu’il met en scène dans de nombreuses sculptures, à l’image de Descent into Limbo, 1992, Ghost, 1997, The Origin of the World, 2004. A chaque fois, le défi plastique – donner une consistance à l’inconsistant – permet à l’artiste de conférer au vide une certaine aura. Le vide devient un appel, la promesse d’un ailleurs que l’artiste aurait réussi à matérialiser ici. Les connotations religieuses et spirituelles du vide, même si elles ne sont jamais ramenées formellement à une religion déterminée, permettent à l’artiste de créer une aspiration forte dans ses œuvres – un appel d’air spirituel.




La concavité


La géométrie est pour moi un élément très important auquel reviens toujours dit Anish Kapoor. De fait, nombre de ses œuvres sont le fruit de savantes combinaisons géométriques qui permettent de créer des illusions perceptives particulièrement tenaces. A cet égard, la concavité est récurrente dans les sculptures de l’artiste. Elle est d’abord ce qui, étymologiquement, se définit comme le creux et qui, aux yeux de l’artiste, évoque un espace dans l’espace, une nouvelle dimension. Elle est ensuite la courbe faite relief et le geste d’une main protectrice. La concavité permet à l’artiste de jouer avec l’optique du monde et de donner à ses œuvres le rôle de lentilles qui nous le font voir autrement. Mais surtout la concavité se remplit de lumière, d’événements colorés, ce vide reçoit l’extension des sensations des sensations optiques et sonores du regardeur en créant un espace plus vaste que les limites de sa propre géométrie.


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Pour cerner au plus près les enjeux de l'oeuvre d'Anish Kapoor, plusieurs concepts clés sont proposés pour accompagner cette exposition comme autant de pistes de lecture.

  Leviathan : Anish Kapoor en 14 concepts clés : 5-8  
  Nef du Grand Palais, Paris -12.05- 23.06.2011

© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2012. Tous droits réservés

Leviathan : Anish Kapoor en 14 concepts clés : 5-8

Exposition du 12 mai au 23 juin 2011. Nef du Grand Palais - Porte principale, avenue Winston Churchill - 75008 Paris. Ouverture tous les jours sauf le mardi, lundi et mercredi de 10h à 19h, du jeudi au dimanche de 10h à minuit.