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Leviathan : Anish Kapoor en 14 concepts clés : 1-4  

Exposition du 12 mai au 23 juin 2011. Nef du Grand Palais - Porte principale, avenue Winston Churchill - 75008 Paris. Ouverture tous les jours sauf le mardi, lundi et mercredi de 10h à 19h, du jeudi au dimanche de 10h à minuit.

Le non objet


Les œuvres d’Anish Kapoor tentent pour la plupart d’échapper au monde qui les entoure. Elles sont importées d’ailleurs, révélant des dimensions cachées et transformant notre perception. A la faveur d’un jeu de miroir, d’un effet de vide ou d’une surenchère de couleur, l’œuvre échappe à son statut d’objet : elle n’est plus tout à fait de ce monde, elle est un non objet, à l’image de la série éponyme Non Object (Door), Non Object (Pole), Non Object (Vertigo), 2008. Sans le mouvement du spectateur qui s’y reflète, l’œuvre se fond dans son environnement et disparaît. Pour l’artiste, cette dimension de non objet se traduit aussi par sa volonté de se soustraire autant que faire se peut à la production de l’œuvre qui, le plus souvent, résulte d’un processus mécanique, parfois même arbitraire.

La couleur et le monochrome


La couleur est fondamentale dans l’art d’Anish Kapoor. Elle n’est pas là pour décorer ou pour s’ajouter à l’œuvre. Elle en est très souvent le principe, toujours pure et sans mélange. Dans ses œuvres de la fin des années 1970 et du début des années 1980, il produit des sculptures entièrement recouvertes de pigment pur. De taille réduite, comparées à d’autres œuvres qu’il créera plus tard, ces sculptures font référence à la tradition indienne où l’on dispose des pigments purs à l’entrée des temples. La couleur est un seuil vers le non-verbal, elle se doit d’être monochrome pour résonner avec l’intime inavoué de notre corps. Pour Kapoor, le pigment concourt à donner à l’objet un caractère d’invisibilité, à produire une sensation de Gestalt, de tout unifié, pour lequel les notions de devant, de derrière, de côtés sont partiquement inexistantes.


Le sublime


L’art d’Anish Kapoor relève à maints égards de l’idée de sublime telle qu’elle a pu être formulée par les artistes romantiques du 18ème siècle. L’émotion spécifique provoquée par l’impression de vulnérabilité devant les fores de la nature est comme renouvelée par les œuvres d’Anish Kapoor. Dans un geste puissant qui annule la subjectivité de l’artiste au profit d’une production quasi-démiurgique, l’artiste place le spectateur en situation de déplacement perceptif et émotionnel. La perte de repère, la sensation d’être happé vertigineusement par l’œuvre sont autant d’indices de ce sublime à propos duquel le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804) écrivait "l’imagination atteint son maximum et dans l’effort pour la dépasser, elle s’abîme elle-même, et ce faisant est plongée dans une satisfaction émouvante."



Le corps originaire


Les œuvres d’Anish Kapoor sollicitent de manière toujours frontale notre corps. Le spectateur est engagé in extenso dans l’œuvre. Mais cette mobilisation du corps ne s’adresse pas seulement au corps de tel ou tel individu, elle présuppose une unité ordinaire du corps singulier et de tous les corps que la rencontre avec l’œuvre peut révéler. Le corps originaire est le répondant de l’art d’Anish Kapoor, celui avec lequel ses œuvres dialoguent qui apparaît au moment paradoxal où immanence et transcendance se confondent. Le corps de l’un se mêle spirituellement au corps de l’autre en un corps total, un corps originaire.




Pour cerner au plus près les enjeux de l'oeuvre d'Anish Kapoor, plusieurs concepts clés sont proposés pour accompagner cette exposition comme autant de pistes de lecture.

  Leviathan : Anish Kapoor en 14 concepts clés : 1-4   
  Nef du Grand Palais, Paris -12.05- 23.06.2011