Archives expositions personnelles France

Archives expositions personnelles (H-I)

Communiqué de presse


Dans le cadre du Mois européen de la photographie, la galerie Paul Frèches présente une nouvelle exposition de Guillaume Herbaut, 4/7: Slavoutich. Ce quatrième volet d'une oeuvre en sept parties prenant comme sujet la mémoire du drame de Tchernobyl, est présenté dans sa version définitive et comprend des images inédites. Slavoutich est le nom de la ville où furent relogés les habitants de Tchernobyl (et alentours), une ville qui se révéla tout aussi contaminée...


Michel Poivert définit l'oeuvre de Guillaume Herbaut - depuis Tchernobylsky - comme un travail sur "notre rapport à l'événement dramatique dans l'étude de ses effets présents". En d'autres termes, Guillaume Herbaut s'attache à rendre visible ce qu'il est advenu d'événements douloureux s'inscrivant dans un passé plus ou moins proche, à travers des environnements, objets, portraits, qui tous, se "souviennent".


Texte de Paul Frèche: Slavoutich, ville empoisonnée...


C'est par un corridor qui semble infini, dont la froideur industrielle est synonyme de violence, que Guillaume Herbaut introduit la série 4/7: Slavoutich. Ce couloir est celui de la gare de Tchernobyl, qui relie la zone désertée de l'accident nucléaire à la ville nouvelle de Slavoutich, où vivent les milliers de travailleurs qui s'emploient à contenir le désastre, plus de vingt ans après.


Photographe de l'invisible et du drame, Guillaume Herbaut a su poser dès 2001 les bases nouvelles de sa pratique de photojournalisme, en la situant aux confins de la photographie documentaire et d'une approche plus conceptuelle. L'ensemble 7/7, travail au long cours construit selon un programme rigoureux dont Slavoutich constitue le 4ème volet, en est la manifestation la plus exemplaire.


Revendiquant la subjectivité de l'image photographique, Guillaume Herbaut l'utilise comme vecteur d'un point de vue critique sur le monde et ses zones d'ombre, de l'expérience intime à l'événement historique en passant par le fait divers.


Dans Slavoutich, c'est la question du rapport de l'homme à la nature qui fournit l'argument d'une narration en 18 images à travers lesquelles se dévoile le quotidien d'une ville "engendrée" par une catastrophe technologique, dont les habitants vivent sous la menace permanente d'une nature empoisonnée. Entre des vues de la ville et de ses habitants livrés à un danger invisible, la forêt de pins revient de manière obsédante, tout comme le végétal hante les intérieurs, de façon sublimée (sous forme de motif) ou littérale (les plantes vertes). En soulignant l'antagonisme entre le culte de la mémoire et la propagande nucléaire qui définissent aujourd'hui le cadre idéologique de la ville, Guillaume Herbaut met en évidence la faillite d'une confiance naïve que l'homme accorde au progrès technologique, et sa difficulté à se remettre en question.

 







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Guillaume Herbaut, Slavoutich, Galerie Georges Frèche, Paris

Exposition du 8 novembre au 20 décembre 2008. Galerie Paul Frèches, 12 rue André Barsacq - 75018 Paris. Tél.: +33 (0)1 53 09 21 12. Ouverture du mercredi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous, hors jours fériés.

Histoire de Slavoutich


26 avril 1986: le block n° 4 de la centrale de Tchernobyl explose.
Une zone de 30 kilomètres autour du réacteur est évacuée, dont Pripriat, ville qui abritait une grande partie des ouvriers de la centrale: construite en pleine forêt, elle accueille 22 000 habitants, logés dans des maisons individuelles avec jardins privatifs ou dans des appartements spacieux. Les rues sont propres, les magasins bon marché, il n'y a ni coupure d'électricité, ni pénurie de chauffage. Une chaîne de télévision diffuse quotidiennement des nouvelles de la centrale, et chaque république de l'Union soviétique a construit un quartier.
A la fin des travaux, les autorités constatent que la région est aussi contaminée.
Décembre 2001: la centrale de Tchernobyl est définitivement fermée. Sur les 12.000 employés, 9.000 vont être licenciés.


Guillaume Herbaut, Slavoutich
Galerie Georges Frèche, Paris
08.11 - 20.12.2008