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Première visite


Après Anselm Kiefer, Richard Serra, Christian Boltanski et Anish Kapoor, c’est à Daniel Buren - cité dans la présentation d’ArtCatalyse pour son invention du terme in situ en 1965, qui signifie que l’oeuvre naît de l’espace dans lequel il s’inscrit - d’être invité dans le cadre de Monumenta à investir la nef du Grand Palais  à  Paris. Sa nouvelle installation est conçue comme une série de dispositifs générant un foisonnement de couleurs.


A commencer par la condamnation de la porte principale habituelle d’entrée dans la nef, remplacée par un accès porte nord réaménagée pour l’occasion. La billetterie a été également déplacée et se trouve près de la sortie du métro Franklin Roosevelt. On y accède et en repart vers l’exposition en suivant un parcours de flèches reprenant en bandes alternées noires et blanches peintes à même le sol l’outil visuel cher à l’artiste.


Le dispositif de l’exposition

Il s’agit d’un agrégat de 377 cercles tendus d’une matière plastique transparente de quatre couleurs (les seules existant pour ces matériaux) : bleu clair, jaune d’or, orangé et vert tendre et de cinq diamètres différents (de 2 à 6,5 m). Les 1300 pieds les soutenant à une hauteur variant de 2,5 à 2,9 m ressemblent aux troncs d’un sous-bois reflétant les couleurs et les jeux de lumière les environnant, tout comme dans la forêt mais respectant l’outil visuel de Daniel Buren. Cette mosaïque de « tondi » tous reliés entre eux s’étend sur à peu près 8 500 m², s’arrêtant net pour dessiner une « clairière » à l’aplomb exact de la coupole centrale de la nef. Celle-ci est alternativement couverte de filtres bleus formant un vaste damier coloré au-dessus de la tête des visiteurs. L’espace au sol supporte plusieurs cercles en miroir, pour leur part de même diamètre, à hauteur de 17 cm. Le visiteur peut marcher dessus, s’y asseoir ou s’ allonger. Quand on baisse la tête vers ces miroirs, une sorte de vertige se fait sentir, le spectateur étant happé par le reflet de la coupole s’élevant quand même dans la réalité à plus de 40 mètres au-dessus de sa tête.  


Marcher dans les couleurs et les sons

Il s’agit d’une déformation du titre d’une exposition qui aura lieu cet été au Musée d’art moderne de Sérignan, Marcher dans la couleur, où bien entendu Daniel Buren en sera. Mais déjà au Grand Palais, cette expression est la plus à même de décrire les sensations ressenties lors du parcours dans l’exposition. Autant l’immersion dans « une » couleur est palpable dans des dispositifs comme ceux de James Turrell, autant ici chaque pas modifie la sensation, l’impression. Tout évolue sans cesse de manière vivante, entre la progression du déplacement, l’alternance des couleurs et de la lumière du jour et bien sûr l’architecture et matérialité du lieu, à la fois cachée et sublimée, dans un jeu de kaléïdoscope, de vitrail et/ou de peinture murale.

Lors du vernissage presse, le mercredi 9 mai, le ciel est resté gris durant tout le parcours. Mais il existe différents niveaux de gris, chacun le sait. D’où déjà la variété d’intensité et de coloris moissonnés lors de cette première découverte. Avec sur le sol des disques de couleur intense ou ailleurs comme de douces poudres de pigments imprégnant le béton...
La promenade est enrichie des plages sonores inventées par l’artiste avec le concours d’Alexandre Meyer, à travers trois bandes sonores différentes suivant le parcours « obligé » de la déambulation avec un seul et même texte regroupant les ingrédients du dispositif principal: les premières lettres de l’alphabet, les quatre couleurs utilisées et une formule mathématique dont Daniel Buren détient le secret, le tout alterné dans les 37 langues principales utilisées dans le monde.

























 







  Daniel Buren, Excentrique(s), travail in situ   
  Grand Palais, Paris
  10.05 - 21.06.2012

Exposition du 10 mai au 21 juin 2012. Nef du Grand palais - Porte Nord, avenue du général Eisenhower - 75008 Paris. Ouverture tous les jours sauf le mardi.


Lever la tête aussi à la sortie pour débusquer le drapeau de Daniel Buren remplaçant - à titre provisoire - celui de notre République. Pour combien de temps, je ne sais... Voir à la fin de la galerie photo...

Inutile de préciser que de nouvelles galeries photo seront bientôt en ligne, après des vues « plein soleil » de l’exposition et aussi « pleine nuit », où les multiples projecteurs méticuleusement positionnés par Daniel Buren offriront une vue totalement différente de son installation « in situ » dans l’espace incommensurable de la nef du Grand Palais.

Daniel Buren, Excentrique(s), travail in situ, Grand Palais, Paris

© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2012. Tous droits réservés