Archives expositions personnelles France
Archives expositions personnelles (L)
Le texte de présentation de Jacques Py, critique d’art
Mirages en duo, images en solo, 2 mai 2020
Une fabrique, lorsqu'elle n'a pas vocation manufacturière, défnit des petits édifces souvent artifciellement en ruines, construits dans les parcs pré-romantiques - comment ne pas penser à ceux de La Garenne-Lemot à Clisson, lieu de vie cher aux Loriot-Mélia. Pour ces édicules, il s'agit d'apparaître dans le paysage pour faire croire en une présence ancienne sur le site, tout en ne masquant pas leur caractère mensonger. Lors d'une balade, nous les apprécions d'autant plus que nous ne sommes pas dupes de ces leurres en fréquentant ces lieux par plaisir. Une fabrique d'images est du même ordre d'idée lorsque, d'un bricolage soumis au faisceau d'une lampe, ou d'une photographie en caisson lumineux, apparaît un mirage qui ne s'évanouira qu'à l'extinction des ampoules. Une représentation calquée du réel nous est montrée tout en n'occultant pas les procédés qui la révèlent. Il en va de cette relation essentielle du mimétisme à l'artificiel que produit en la circonstance une maîtrise de la lumière. Qu'elles soient archaïques et renvoient à une aventure pré-photographique ou pré-cinématographique, ou bien issues des derniers perfectionnements technologiques du numérique, ces scènes aux révélations momentanées n'en sont pas moins inscrites durablement dans des histoires personnelles comme dans un fonds mémoriel de références appartenant à l'histoire générale des images.
Récents
Résultats de la recherche Supprimer Déplacer Spam Plus
Recherche
Gilles Aillaud
Important
Marika Prévosto
À
sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.
.
ArtCatalyse : L'art qui dialogue avec l'environnement | Contact | Actus | A venir | En cours | Prix décernés | Archives | Lieux inspirés | Bibliographie
Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.
Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.
Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.
À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.
Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…
Exposition du 25 septembre 2020 au 24 janvier 2021. Galerie d’art Albert Bourgeois, 25 Rue de la Caserne - 35300 Fougères. Tél. : +33 (0)2 23 51 35 37. Entrée libre du mercredi au vendredi de 14h à 18h, le samedi de 10h à 13h.
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2020. Tous droits réservés
Objet petit tas, dans le renfoncement d'une boîte en carton, un danseur de claquettes s'agite en brandissant des outils. Ce piètre pantomime répète sans discontinuer l'agitation infructueuse d'un bricoleur enfermé dans son emballage. Un personnage fl-de-fer, en hommage à Émile Cohl, disparaît dans l'eau après l'explosion d'un obus, c'est Le P'tit bouillon. L'un et l'autre incarnent les débuts balbutiants d'un cinématographe impuissant à développer autre chose qu'une action pathétique et dérisoire. Une copulation de guêpes qui vibrionnent sur une tige de feur exprime l'évanescence des plaisirs, les longues plages ensoleillées parsemées de vacanciers oisifs évoquent le caractère fugace des saisons estivales et cet avion immobile dans un ciel mouvant semble ressasser pour nous le vers du poète Ô temps, suspends ton vol !
Comme dans certains tableaux prisés à partir du XVIIème siècle, on parlera de vanité lorsque des objets sont convoqués dans la peinture pour symboliser la vacuité des passions et l'irréductible précarité de nos conditions humaines. Au cœur des richesses ostentatoires, une bougie se consume, la bulle de savon est au bord de l'éclatement et une mouche se pose sur la coiffe d'une gente dame. « Souffe léger » ou « vapeur éphémère » - ainsi se défnissait littéralement à l'origine le terme même de vanité - semble encore mieux qualifer ici les plastiques thermoformés transparents dont les traversées lumineuses sur des dessins, à peine esquissés, se voient détournées allégrement de la confguration initiale de leurs projections. Avec Les Emballages perdus, ce sont les objets qu'ils contenaient qui sont défnitivement perdus au proft d'images fantasques, alliant le registre de l'humour à celui plus grave de la mélancolie de L’Île des morts. Le pot cassé de Trou de mémoire, à l'instar de ces natures mortes anciennes comme de ces bâtisses en ruines citées plus haut, nous montre sur un écran de papier son complément disparu et démontre que le retour à un état passé, s'il demeure une espérance, n'en reste pas moins défnitivement une illusion. L'allégorie est donc là pour exorciser le sort réservé aux objets comme aux hommes. Ressemblance et apparence trompeuse, absence et substitution, apparition et disparition, toutes ces thématiques sont communes à l'ensemble des œuvres exposées, qu'elles soient signées en duo ou en solo.
Avec Lui, tel un ectoplasme récurrent dans une série de photographies, la silhouette floue d'un homme derrière une vitre granitée réapparaît sous l'action de la lumière. La relégation du sujet au-delà de la mise au point est symbolique de son effacement progressif dans l'espace comme dans le temps. L'écran en verre fguré dans l'image, comme celui bien présent du caisson lumineux, est devenu un obstacle irrévocablement infranchissable. C'est l'impossible réconciliation de la réalité avec sa mise en représentation : la séparation d'avec le réel doit opérer pour que l'image advienne.
Chantal Mélia pose avec un masque de radiothérapie porté par François Loriot, acte transitionnel sans doute nécessaire pour que l'aventure artistique continue. Le portrait de profl était courant à la Renaissance et, ici, il s'agit bien de renaître dans une pratique solitaire après un long parcours à quatre mains. Ce masque exprime le désir violent de combler le vide laissé par la disparition de l'autre. Sa tête dans celle de l'autre, le portrait est fusionnel plutôt qu'autoportrait. Chantal Mélia assume crânement cette mise en scène qu'elle enrichit d'un face à face en référence à la peinture italienne, et l'on y voit le duc et la duchesse de Montefeltro de Piero della Francesca. De même pourrait-on reconnaître avec cette résille sur le visage de l'artiste l'un des procédés d'écriture et de création plastique imaginés par François quand il superposait les perforations d'un texte ou d'une peinture sur un autre texte ou image pour en déduire une troisième interprétation. Bird In My Mind, masque peut-être puisque l'artiste se retranche derrière lui mais plutôt heaume protecteur lorsque surmonté d'un cimier avec un loriot, l'oiseau totem veille sur elle.
S'en suivent d'autres jeux de cache-cache. Devant une représentation s'interpose une autre réalité qui vient lui faire écran. Les visiteurs curieux passent devant une peinture qui semble les intégrer au sujet de la toile, un chat indifférent stationne devant l'image télévisée d'un président, des ombres fantomatiques marchent dans un nuit romaine ; alors, même si les hors-champ existent dans ce qui se dérobe à nos regards, ces images restent des mensonges qui viennent construire une nécessaire remémoration, fabriquer des actes de conjuration des absences.
Chantal Loriot-Mélia