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Archives expositions personnelles (H-I)

Tiphaine Hameau, Un jardin de mauvaises herbes, fort Saint-Georges, 2010. Photo courtoisie de l'artiste

Tiphaine Hameau, Un jardin de mauvaises herbes, fort Saint-Georges, 2010. Photo courtoisie de l'artiste

Tiphaine Hameau, Un jardin de mauvaises herbes, fort Saint-Georges, 2010. Photo courtoisie de l'artiste

Note d'intention de Tiphaine Hameau, artiste jardinier


Jardin de mauvaises herbes est une installation éphémère qui invite à la rencontre des plantes du fort Saint-George de la forteresse royale de Chinon (37500). Visible jusqu'au 20 septembre. Il faut comprendre que l'on ne touche ce jardin de mauvaises herbes que du regard.


L'oeuvre de Tiphaine Hameau invite à la rencontre des plantes du fort Saint-Georges. Son point de départ est un inventaire - établi par le Centre permanent d'initiatives pour l'environnement Touraine-Val de Loire de Seuilly - puis une recherche ethnobotanique qui étudie les relations unissant le monde végétal et l'espèce humaine.


En raison de conditions de sécurité n'autorisant pas, pour le moment, l'accès au public, il fallait donner une visibilité à ce travail. C'est pourquoi une forêt de cannes à pêche a surgi! Telle une signalétique géante, elle renseigne les différents usages, caractères ou représentations qu’on se fait d’une plante avec un code couleurs qui renvoie à 6 critères (alimentaire, médicinal, superstition, tinctorial...).




  Tiphaine Hameau, Jardin de mauvaises herbes
  Forteresse royale de Chinon

© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2012. Tous droits réservés

Tiphaine Hameau, Jardin de mauvaises herbes, Forteresse royale de Chinon

Forteresse royale de Chinon, route de Huismes - 37500 Chinon. Tél.: +33 (0)2 47 31 13 45. Ouverture tous les jours de 9h à 19h. Visite libre et gratuite du jardin.

Bonnes ou mauvaises?

D'un point de vue strictement biologique, une plante n'est ni bonne ni mauvaise. Elle est. C'est le regard qu'on porte sur elle qui la classe dans tel ou tel rang.

D'une époque à l'autre, les raisons de cet arbitrage changent. Au Moyen Âge, ramasser une herbe sauvage était moins valorisant que travailler le sol pour cultiver des céréales, puis faire de la farine et du pain. De nos jours, c'est la perte du savoir des usages traditionnels des plantes qui les font passer dans l'oubli: quand on ne connaît plus, on ne voit plus.

Pourtant, il faut essayer de nous détacher de toute considération (utilité et beauté principalement) pour accepter ces plantes comme un maillon légitime de la chaîne du vivant dont nous faisons partie.

Hameau Tiphaine


Un support pédagogique créé par l'artiste, citant les noms (une centaine) et vertus des "mauvaises herbes" et fournissant un lexique approprié, accompagne la visite du jardin.


Ces cannes à pêche se veulent les grandes herbes d’un jardin imaginaire et un clin d’œil à la Vienne en contrebas. Celles qui ne portent qu'une seule boule sont un peu des tiges de poireau ou d'ail qui s'apprêtent à fleurir...


Depuis le départ, cette aventure est atypique. Elle est née avec l'écriture, sans image, sans dessin, ni maquette. Juste des mots pour susciter l'imagination. Faire accepter l'existant dans ce qu'il a de non maîtrisé, faire accepter de pas entreprendre, de ne pas réaliser, mais d'aller à la rencontre. C'est un peu ça l'origine de ce jardin de mauvaises herbes.


Pour l'inauguration de la forteresse royale, le 17 juillet 2010, la présence des mauvaises herbes sur ce site n'avait pas un sens évident. A priori, sans travail du sol et sans mise en forme ni apport de végétaux, il ne pouvait y avoir un jardin.


Pourtant, la tête des remparts et du nouveau bâtiment ne tient-elle pas lieu de clôtures, propres à tout bon jardin? Puis, au regard de l'inventaire, ne trouve-t-on pas des plantes utiles (fenouil, millepertuis...) et d'agrément (valériane des jardins, giroflées...) qui en font l'essence? Certaines même, comme l'achillée millefeuille, l'armoise et la benoîte, prenaient place dans les jardins bien ordonnés des monastères du Moyen Âge. D'autres, telles la grande mauve, la laitue scariole, le plantain, agrémentaient la porée paysanne, cette soupe de feuilles vertes, d'oignon et de pain cuite longuement au chaudron. Que dire alors des luzerne, trèfle, vesce et gesse, appartenant aux légumineuses, famille qui se distingue par la faculté de fixer l'azote de l'air pour le redistribuer dans le sol? Le travail du sol, la culture, est donc en cours. Alors, plutôt que de créer un jardin, il nous faut observer l'existant et réapprendre l'usage de ces plantes. À partir de là, un jardin se dessine et raconte notre histoire.