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Communiqué de presse


Hybridations, accouplements de formes, zoo– et géomorphismes : depuis quatre ans, au fil du parcours fulgurant qui a suivi son diplôme de la Design Academy d’Eindhoven, Nacho Carbonell n’a cessé de développer une œuvre expérimentale aux implications fortement narratives, s’affranchissant des conventions pour repousser toujours plus loin les frontières établies – celles qui distinguent le design et l’art contemporain, la fonction d’usage et la sculpture, la retenue et l’exubérance, la beauté et la laideur, la violence et la douceur.


Luciférase ne fait pas exception, tout en innovant. Pour la première fois, Nacho Carbonell présente un travail incluant de la lumière, quinze pièces éditées en exclusivité par la galerie BSL. Une collection qui s’envisage avant tout comme un ensemble d’organismes vivants capables de nous surprendre par leurs couleurs, leurs textures, leur comportement. « La racine de ce mot est “porteur de lumière” *, explique Nacho Carbonell, et renvoie au système utilisé par la faune et la flore vivant dans les abysses, dans l’obscurité totale des grandes profondeurs. Davantage que des luminaires, je considère ces pièces comme des créatures produisant de la lumière. »
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Luciférase, latin lux fero : enzyme produisant un photon, présent dans les organes lumineux de certaines plantes et animaux.

Son inspiration première ? Une simple caillou, une pierre fragmentée ramassée cet été en Espagne. Crayonnés précis et fragiles, miniatures de fil de fer, expérimentations – également présentés dans cette exposition – ont suivi, en poussant la matière dans ses retranchements pour que naisse l’équilibre esthétique.

Après avoir expérimenté le papier, le verre, le cuir, le bois, le latex et même le maïs, Nacho Carbonell défie ici les limites de la résine époxy, « un matériau d’abord liquide puis solidifié par la chaleur, qui laisse percer la lumière des Leds placés à l’intérieur. » Ces éléments d’une part synthétique (la résine), et d’autre part technologique (les Leds), viennent donner naissance à des créatures bioluminescentes à l’allure raffinée et primitive, dans un renversement des conventions à la fois techniques et esthétiques. Une seule des quinze pièces porte une ampoule, dissimulée elle-même derrière la résine qui agit comme un filtre diffuseur de mystère.

Ces créations à la présence communicative viennent affirmer l’équilibre des contraires qui anime toute œuvre de la nature. Dans cette famille, les matières extérieures douces et veloutées – résine époxy mélangée à du sable de différents coloris, parfois recouverte de poussière de plâtre ou de poussière de métal – ressemblent à la peau d’une espèce inconnue. Toutes en contrastes, les textures intérieures diaphanes et translucides, issues de résine époxy mélangée à des pigments colorés, mettent en avant épines, rocailles, langues, lanières et filaments, parfois même une dentition aiguisée. Certaines évoquent l’éclat translucide de pierres fines comme l’améthyste, le quartz ou la malachite ; d’autres l’œil séducteur d’un prédateur des grandes profondeurs ; d’autres encore la bouche avide d’une plante carnivore.


Alors, abyssologie, minéralogie, végétologie, manipulation génétique...? Un peu de tout cela, et puis aussi l’humour, la tendresse, la poésie. Car si en dépit de son étrangeté, l’art de Nacho Carbonell réussit à imposer son évidence propre, reconnaissable entre toutes, c’est aussi parce qu’il sait provoquer d’emblée un dialogue, une relation affective qui fait appel à l’imagination, la sensibilité, la capacité de rêver de chacun.









  Nacho Carbonell, Luciferase
   Galerie BSL, Paris
   28.01 - 16.04.2011

© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2012. Tous droits réservés

Nacho Carbonell, Luciferase, Galerie BSL, Paris

Exposition du 28 janvier au 16 avril 2011. Galerie BSL, 23 rue Charlot - 75003 Paris. Tél.: +33 (0)1 44 78 94 14. Ouverture du mardi au samedi de 11h à 19h et sur rendez-vous.