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Communiqué de presse

Miguel Chevalier présente au Musée de la Chasse et de la Nature Fractal Flowers in vitro 2009. Cette installation de réalité virtuelle interactive aborde la question très présente dans l'imaginaire contemporain d'une nature totalement artificielle, fantasmée et fabriquée par l'homme.

La vie est le premier des sens à être activé, avec une mini-serre sur les parois de laquelle est projetée une étrange nature en perpétuel devenir : les Fractal Flowers, plantes improbables qui croissent et meurent à vue d'oeil et répondent aux mouvements des spectateurs. Ce mystérieux ballet végétal est accompagné de la musique créée spécialement par Jacopo Baboni Schillingi. Après l'image et le son, l'oeuvre est enrichie grâce à la perception olfactive créée par Annick Menardo ajoutant à la réalité de la matière et du virtuel un espace odorant.

En complément de cette installation est exposé au deuxième étage du musée Herbularius 2059, nouvelle création de réalité virtuelle réalisée en collaboration avec l'écrivain Jean-Pierre Balpe. Herbularius 2059 possède encore l'aspect d'un livre mais mêle réel et virtuel, et présente des textes et images générés en temps réel. Le prototype de l'Herbarius 2059 est un hymne à l'hybridation, et nous ouvre la porte d'un imaginaire intemporel. Il nous entraîne vers ce qui pourrait être une bibliophilie du XXIe siècle.










  Miguel Chevalier, Fractal Flowers in Vitro 2009
   Musée de la Chasse et de la Nature, Paris
   22.09.2009 - 03.01.2010

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Miguel Chevalier, Fractal Flowers in Vitro 2009, Musée de la Chasse et de la Nature, Paris

Exposition du 22 septembre 2009 au 3 janvier 2010. Musée de la chasse et de la nature, 13 rue Sainte-Cécile - 75009 Paris. Tél.: +33 (0)1 53 01 92 40. Ouverture du mardi au dimanche de 11h à 18h. Fermeture lundi et jours fériés.


Le texte de Françoise Gaillard

Fractal Flowers in vitro est une mini-architecture de lumière où poussent des fleurs étranges. Elles naissent, grandissent, ondulent au gré d'un vent que nous ne sentons pas, se courbent vers nous sans rompre leur fragile tige articulée, et disparaissent dans un espace où notre oeil de pénètre pas, pour laisser place à d'autres.

Leur croissance rapide et hypertrophique les monumentalise. Au pied de cette flore immense, éclatante de couleur, nous nous sentons aussi petit qu'Alice au pays merveilleux. Nous nous prenons alors à rêver... Ne dirait-on pas qu'elles nous regardent et que par leur lent balancement, elles nous invitent à les rejoindre. Comment résister à leur appel ?

Tout en sachant que c'est un leurre, nous sommes tentés de passer de l'autre côté du mur lumineux qui protège leur liberté, pour entre entrer dans le jardin qui recèle les mystères de cette génération à laquelle nous ne sommes pas étrangers. Car ces fleurs réagissent à nos mouvements. Dans le langage génératif et chromatique qui est le leur, elles dialoguent avec nous. Elles nous répondent.

Apparition insolite

Elles nous questionnent aussi par leur apparition insolite. Elles nous disent qu'elles viennent d'ailleurs, d'un monde possible, différent du nôtre, où la végétation obéit à d'autres règles de croissance. D'un monde où le végétal a échappé aux formes organiques dans lesquelles nous nous confinons.

Comme si une nature géomètre y avait transformé leur germes en algorithme. Au lieu de l'arrondi des pétales, des arêtes vives et brisées qui rappellent celles des cristaux. Au lieu de la douceur un peu molle des corolles, un enchevêtrement de prismes inégaux aux couleurs improbables.

On les croirait obtenues par les jeux de miroir d'un kaléïdoscope, n'était la pauvreté de ce procédé métamorphique qui ne connaît que la symétrie. Ces fleurs, elles, ignorent cette ennuyeuse régularité. Elles ne cessent d'évoluer selon des mouvements aléatoires qui les anamorphosent et les métamorphosent, en complexifiant à chaque étape leur savante géométrie.

Le résultat est spectaculaire. Que sont-elles ? Sont-elles des fleurs fossiles, réveillées de leur long sommeil par un poète magicien, ou les fleurs de demain, nées du calcul ainsi que de la maîtrise de la matière et des formes par l'esprit ? La parenté formelle de ces architectures florales avec toutes les roches cristalloïdes interroge la frontière entre les règnes et brouille nos références. Et nous les contemplons, émerveillés par cette anatomie moléculaire qui réunit le végétal et le minéral dans la beauté et la fragilité, et célèbre cette union par une explosion de couleur.