Archives expositions personnelles France

Archives expositions personnelles (H-I)

Texte de Pascal Thevard, Directeur du patrimoine à Chambord

Marie-France Hurbault est née dans le Val de Loire. A la frange du paysage ligérien et de la Sologne. De cet environnement contrasté est né son désir d’observer et comparer.

Passer d’un paysage à l’autre sans sourciller, des longues plaines limoneuses du fleuve royal aux  prairies arides couvertes de genêts du pays de Raboliot, n’est pour elle que naturel. C’est son champ d’observation, c’est son air d’expérimentation. Pourtant tant de contraste dans un si petit territoire ne peut qu’ouvrir des plaies chez cette artiste sensible. C’est donc naturellement qu’elle s’est tournée vers l’étude des paysages. Sa réflexion menée n’est pas à l’échelle habituelle, telle qu’on l’entend.

 

Marie-France transgresse les limites, ne tient compte d’aucune frontière. C’est ce qui lui permet toute liberté dans sa création. Son attachement à son environnement d’origine en est certainement la raison. Ainsi reviennent sans cesse dans son œuvre la fragilité des paysages et du monde végétale qu’ils soient façonnés, gérés par l’Homme, ou simplement d’héritage séculaire. Il existe toujours une faille qu’elle exploite.

 

Marie-France mène un combat perpétuel et quotidien. Elle nous sensibilise sur la dislocation des paysages et le déséquilibre des milieux naturels. C’est aussi en naturaliste qu’elle approche son concept, par la constitution d’un cabinet de curiosité qui petit à petit se crée par son travail d’inventaire, de collections et de glanage. La traduction proposée ramène la faute à l’Homme, non pas au pêché originel, mais à son récent plaisir de perturber les écosystèmes.

 

Tant d’irrespect à la nature ne pouvait que la bouleverser. Le militantisme de son œuvre peut paraître excessif et violent. Rien n’est gratuit dans cette expression. Marie-France ne laisse rien passer. Tous nos petits arrangements quotidiens avec la nature sont mis en avant et deviennent gênant. L’on ne veut pas comprendre.Et pourtant l’œuvre est là. Ces petits désordres ne peuvent nous échapper. La mémoire collective et individuelle est atteinte.


La sensibilité des mises en scène que Marie-France s’applique à réaliser dans ses installations et expositions sont aussi l’œuvre d’une femme. La sensualité des traits et couleurs sont là pour le rappeler.La trace laissée sur le support est toute en rondeur. C’est un geste répétitif qu’elle produit et le rythme est tendu.


La couleur est surprenante, inhabituelle au sujet traité. Le rouge, le rose et le vert sont tellement présents, que l’œil les rejette avant de les apprivoiser et  de les adopter. La base en est pourtant naturelle ! Mélange de chaux, de cendres, de pigments, de cire...


Cette couleur accompagne le trait. Elle devient au fur et à mesure l’élément fort de ses créations. C’est l’écorchure, ce coup de griffe au paysage, par où la plaie s’ouvrira. Viennent ensuite quelques gouttes mais rapidement l’afflux augmente.


Le geste revient pour effacer, pour panser et pour adoucir. Mais la cicatrice restera à jamais marquée dans les paysages de Marie-France Hurbault.

 
























Marie-France Hurbault

  Marie-France Hurbault
  Galerie de Cheverny
  21.11.2009 - 30.01.2010

Exposition du 21 novembre 2009 au 30 janvier 2010. La Galerie, Place Carnot, Départementale 765 - 41700 Cheverny. Tél.: +33 (0)6 99 39 51 18. Ouverture vendredi de 14h à 19h, samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h.

Marie-France Hurbault

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Marie-France Hurbault, Galerie de Cheverny