Archives expositions personnelles France
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Le texte de Marie Deparis-Yafil, Paris, décembre 2018
Objets flottants est la première exposition monographique d'envergure de l'artiste franco-vietnamienne Mai Tabakian. Sa proposition, dans le déploiement de quatre œuvres monumentales, parfois suspendues, évoque d'emblée cette question du flottement, dans l'espace et dans la métaphore, et offre, dans une sorte de parcours initiatique, une réflexion à la fois ludique et profonde sur la recherche de l'équilibre, d'un point d'équilibre, nécessaire mais mouvant et fragile.
Le titre de l'exposition lui a été inspiré par la notion d' « objet flottant » utilisé dans les thérapies systémiques - forme de thérapie tenant compte non seulement de l'individu mais aussi de son environnement comme « système », réseau, rhizome - dans lesquelles des objets (et notamment le blason, le jeu de l'oie) prennent forme symbolique pour dire quelque chose d'une histoire, personnelle, familiale, sociale. L'objet flottant est donc, dans la thérapie comme dans l'art, un « espace intermédiaire », entre soi et soi-même, le réel et le fantasme - qu'il soit de l'ordre du désir ou de l'effroi - un espace des possibles.
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Gilles Aillaud
Important
Marika Prévosto
À
sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.
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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.
Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.
Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.
À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.
Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…
Flottants, ces « objets », ces œuvres, le sont aussi par la façon dont, à l'instar du « monde flottant » de la tradition japonaise (l’Ukyiô), ils manifestent chacun à leur manière la réalité d'un monde marqué par l'impermanence et la relativité des choses. Draî
inant toute la pensé asiatique, le sentiment d'incertitude, la difficulté de capturer, de maîtriser les éléments du monde se trouvent confrontés, écho à la double culture de l'artiste, à la tentation rationnelle, notamment au travers de l'intérêt que l'artiste porte à la géométrie et aux mathématiques, à la perfection des formes, à la modélisation du réel. Carré, triangle, cercle, rectangle, pentagone, hexagone ou octogone, les formes de la « géométrie sacrée », à l'œuvre dans la nature comme chez les bâtisseurs, s'inscrivent partout chez Mai Tabakian, comme pour consolider son monde et en conjurer la fluidité.
Les œuvres de Mai Tabakian conservent toujours néanmoins une dimension ludique, avec leurs formes sensuelles et leur chromatisme exacerbé, jeu renforcé ici par l'appel à des éléments identifiés de la culture populaire. Comme dans l’Ukyiô, la légèreté est une politesse et un devoir face à la fugacité du monde…
Elles trouvent également leur richesse dans la multiplicité des inspirations et des références qui font de ces objets hybrides et étranges, à l'exemple des « Gardiens » surplombant la nef, des œuvres à la croisée de l'artisanat - toutes les œuvres sont produites par l'artiste dans son atelier - et de l'esthétique numérique, puisant au passage chez Vasarely et l'op art, Felice Varini et Calder, mais aussi Hokusai ou Stanley Kubrick jusqu'au mathématicien polonais Waclaw Sierpinski, qui a inspiré à l'artiste l'œuvre « Balance Point ».
Ici, dans l'espace majestueux de la Chapelle de Châeaugiron, la dimension spirituelle du lieu résonne avec le syncrétisme culturel de l'artiste. Pour les 3 CHA, elle a imaginé des installations à l'échelle du monument et sensibles à son histoire et à sa résurrection, spécifiquement crées et produites pour l'exposition.
Les « Blasons-codes »
Sur les murs latéraux de la chapelle, se déploient deux séries de quatre œuvres en forme de blason, de grand format.
Cet ensemble d'oeuvres matérialise le premier projet conçu par l'artiste pour l'exposition, en écho à l'histoire de la Chapelle, dont la nef fut, entre le XVIIe et le XIVe siècle, largement orné de fresques montrant des blasons seigneuriaux.
Mai Tabakian s'empare ici du vocabulaire très codifié de l'Héraldique, née au Moyen-Âge, pour créer des blasons contemporains, des armoiries d'un genre nouveau. Jouant sur le langage héraldique (partitions, associations, couleurs) et sur la symbolique qui le compose (formes, objets, animaux), elle en respecte les lois (par exemple les métaux : Or (jaune) et Argent (blanc) toujours associés à un émail : Gueules (rouge) et Azur (bleu)) tout en les conjuguant avec son propre langage plastique et symbolique : variations de texture, hybridations de motifs géométriques ou organiques et végétaux...
Sur chaque écu, un QR Code a remplacé abstraitement la devise. En le flashant, le visiteur découvrira alors une phrase courte et concise, donnant sens au blason, que l'artiste rapproche d'un Haîku. En 2011, Mai Tabakian avait déjà fait appel à la technologie du QR Code qui, dans la sére Haïkus code, générait de brefs poèmes japonais. Le Blason-Code ainsi créé constitue, explique l'artiste « une sorte de métissage entre le blason du Moyen-Âge et le logotype contemporain, sorte de revendication géométrique et abstraite aux multiples niveaux de lectures.
Parmi ces niveaux de lecture, celui du sens même du blason comme espace de reconnaissance interpelle l'artiste. En effet, système de désignation des personnes mais aussi des lignées, des familles et des parentés, celui-ci constitue un marqueur d’identité et d’appartenance. Dans son langage codé, forte composante analogique, le blason demande : « Qui êtes-vous ? D'où venez-vous ? » Objet flottant, utilisé dans la thérapie systémique pour produire la carte d'identité problématique d'un couple, ou d'une famille, le blason, selon l'artiste, interroge aussi une mémoire, investigue un passé, raconte une histoire à décoder.
« Le grand chemin »
Au sol de la nef, Le grand chemin est une installation monumentale de près de huit mères de long sur plus de quatre mères de large.
L'artiste a d'abord été inspiréd par les pavsages labyrinthiques des cathédrales de Chartres, d'Amiens ou encore de Cologne, en Allemagne, tant pour leur dimension formelle, géométrique et bi-chromique que pour ce que symbolise ce type de dédale : la lutte pour élucider le monde, pour cheminer vers son salut malgré les tourments de la vie et la tentative, en architecturant l'espace, d'ordonner le chaos.
Se dessine alors l'idée du « Jeu de l'oie », également utilisé dans les thérapies systémiques pour replacer un événement traumatique dans la temporalité d'une histoire. Métaphore du « chemin de la vie » par excellence, il met en balance, à la différence du labyrinthe impliquant une forme de rationalité, voire de nécessité, la part de hasard pur dans ce parcours initiatique, qui est aussi un voyage intérieur.
Vraisemblablement né en Italie à l'orée du XVIIe siècle et composé de 63 cases enroulés en une spirale intérieure ponctué d’oies, animal symboliquement annonciateur du danger, le jeu de l'oie a pour but de parvenir, entre embûches et coups du sort, au « Paradis ».
Jeu de la destinée, de la « fortune » et du « bon heur », au sens premier de ces termes, l'audacieux jeu de l'oie de Mai Tabakian rénterprète dans son langage plastique chacune des 63 stations. Depuis les cases d'épreuve (Le pont-levis (case 6), l’hôtellerie (case 19), le puits (case 31), le labyrinthe (case 42), la prison (case 52) et la mort (case 58) jusqu'aux cases « oie » qui reprennent des motifs traditionnels (vols d'oies, couronnes de plumes), toutes sont traitées avec beaucoup de recherche, dans une alternance de formes géométriques abstraites, de formes végétales ou de motifs de quilt anglo-saxon.
Les visiteurs peuvent, aidés du document mis à leur disposition, parcourir ce jeu de l'oie extraordinaire et tenter avec lui de raconter une histoire.
« Les gardiens »
Suspendues dans la nef, seize sphères, seize « pupilles » imposantes semblent nous regarder...
Mai Tabakian les a baptisées Gardiens, et l'interprétation trè polysémique de cet ensemble d'œuvres relève d'un foisonnement de références possibles, ésotériques et esthétiques.
Les « Gardiens » nous guident-ils, nous protègent-ils, à la manière de l'Œil Oudjat de l'Egypte antique ? A moins qu'ils ne nous surveillent, à l'instar de l'Œil de la Providence ou ne soient menaçants, comme le Rôdeur du « Prisonnier »...
Ou peut-êre s'agit-il de l'incarnation de l'œil omniscient de quelque divinité ?
Fascinants, étranges, inquiétants, ces Gardiens oscillent entre science-fiction et allégorie, d'une sorte de Big Brother orwellien à l'œil de HAL9000 dans 2001: A Space Odyssey de Kubrick, de l'art optique de Vasarely à l'esthétique rétro-futuriste qui, dans les années 70, explorait l'imagerie d'un futur qui n'existera jamais.
Surplombant le jeu de l'oie et faisant face à l'œuvre Balance Point, ils semblent alors entrer en résonance avec elle. D'un côté l'œil et de l'autre, le triangle, figure hautement symbolique mais ici, dans cette ancienne chapelle, ramenant à la figure de la Trinité.
« Balance point »
Le chœur de la Chapelle est entièrement occupé par Balance Point, une œuvre sculpturale d'envergure exceptionnelle constituée de dix-huit œuvres triangulaires, formant elles-mêmes deux triangles se touchant par leurs pointes, et reprenant les motifs du triangle dit « de Sierpinski ». On reconnaît là la passion de l'artiste pour la géométrie et les mathématiques, et notamment donc, pour les figures fractales, que l'on retrouve de manière récurrente dans son travail.
Si l'appréhension visuelle des figures fractales est souvent fascinante, sur le plan symbolique, ces objets mathématiques, tel le triangle de Sierpinski, ouvrent le champ à toute une réflexion, dans laquelle se retrouvent un certain nombre de préoccupations de l'artiste, sur l'infini et la réédition, sur la réplique et la variabilité sur la mise en abîme, sur la manière, une fois encore, dont on peut ordonner, modéliser...comprendre le monde et tenter de le maîtriser.
Balance Point se manifeste aussi comme l'aboutissement d'une recherche chromatique approfondie, déployant un « colorama » précis de nuances tirant, pour les triangles pointes en haut, vers les couleurs dites « chaudes » et, pour les triangles pointes en bas, vers les couleurs « froides ». Une balance entre, dit l'artiste, « le feu et la glace ».
Car il s'agit bien ici fondamentalement de la recherche d'un équilibre subtil et peut-êre précaire : pointe contre pointe, apparemment instable et périlleuse, l'œuvre est un mobile, composée d'éléments indépendants pouvant se mouvoir au moindre souffle d'air. Balance Point, à la manière d'un Calder, s'érige en perpétuelle (re)composition, en réinvention permanente, comme doit l'être la vie si l'on veut, en dépit de tout, tenir debout.
Exposition du 2 février au 23 mars 2019. Les 3CHA, Le Château, boulevard Julien et Pierre Gourdel - 35410 Châteaugiron. Tél.: +33 (0) 1 76 21 13 41. Ouverture mercredi et vendredi de 14h à 17h, samedi de 11h à 12h et de 14h à 18h, 1er dimanche du mois de 10h à 13h.
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