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La lumière comme fantôme


Le caractère à la fois éminemment mental mais aussi particulièrement charnel de l’œuvre de Kapoor s’accompagne d’une profonde réflexion sur la lumière. Celle-ci n’émane jamais d’un point défini, elle est toujours diffuse. Ces œuvres capturent la lumière et la restituent sur un monde indirect et fantomatique. On ne connaît pas sa source et on ne sait pas exactement ce qu’elle vise. Elle est une lumière d’avant le soleil, qui semble sourdre de la sculpture elle-même. Le plus souvent d’ailleurs, c’est la couleur qui, dans sa pureté, se liquéfie dans la clarté liquide réfléchie par la surface indifférente des miroirs.



La fiction et le rituel


Sensible à la gravité organisée des rituels, Anish Kapoor introduit savamment dans l’organisation plastique de ses œuvres l’impression d’un rituel possible. Conscient de l’efficacité psychologique de ces organisations immémoriales du temps et de l’espace, il en utilise les vertus au service de l’implication psychique des regardeurs. Comme le souligne l’artiste, "L’art puise son essence dans notre culture matérialiste. Les œuvres qui prennent cette culture pour sujet auront, d’après moi, une très courte existence. J’éprouve le besoin de m’adresser à l’humanité à un niveau plus profond." Cependant, une grande partie de son travail accepte la fiction et la souligne pour défaire l’objet de sa matérialité. Il dit à ce propos : "les artistes ne font pas d’objets, ils construisent des mythologies et c’est à travers leurs mythologies que nous lisons leurs objets." C’est cette présence de l’imaginaire dans la matière même de l’œuvre qui permet de porter notre regard au-delà et qui fait dire à l’artiste : "Quel est le réel espace de l’objet, est-ce ce que vous regardez ou est-ce l’espace au-delà de ce que nous regardez."





L’écorché


En référence directe à la figure mythologique de Marsyas (satyre qui a défié Apollon et qui fut écorché vif) et au titre d’une œuvre remarquable d’Anish Kapoor, l’écorché est un thème qui revient souvent dans l’œuvre de l’artiste. Terme se rapportant à l’anatomie, l’écorché désigne une figure peinte, dessinée ou sculptée, montrant des muscles sans la peau. La pratique de l’écorché était recommandée à la Renaissance pour former les peintres. De ce point de vue, l’intérêt d’Anish Kapoor est lié à l’histoire de l’Art. Mais, plus profondément, il repose sur cette alliance rendue visible entre le moteur même du vivant et le reste du monde, sans intermédiaire cutané. L’écorché prend alors chez l’artiste des formes variées que l’on retrouve le plus souvent dans ses célèbres trompes, fabriquées en membrane de PVC.





L’auto-généré


Par-delà la référence à une œuvre d’Anish Kapoor – Svayambh, 2007 – qui signifie littéralement modelé par sa propre énergie, l’auto-génération est un sujet de fascination pour l’artiste. Celui-ci met tout en œuvre pour donner à la plupart de ses œuvres une autonomie qui annule toute vision de l’artiste exprimant sa subjectivité comme dans My Red Homeland, 2003. Anish Kapoor s’efface derrière son œuvre pour la laisser advenir à son rythme et lui permettre de déployer seule le mystère qu’elle contient. L’auto-génération est la preuve que des choses se produisent par-delà l’humain et dont seul l’art ou la nature peuvent témoigner.





Pour cerner au plus près les enjeux de l'oeuvre d'Anish Kapoor, plusieurs concepts clés sont proposés pour accompagner cette exposition comme autant de pistes de lecture.

  Leviathan : Anish Kapoor en 14 concepts clés : 9-14
  Nef du Grand Palais, Paris -12.05- 23.06.2011

L’entropie


L’entropie désigne l’état de désordre d’un système. Pour l’artiste, elle joue un rôle fondamental qui vient équilibrer par sa nature chaotique l’apparence policée de son travail : Comme dans le monde baroque, l’apparence est décorative, tout en surface, mais en dessous se cache un sombre secret ; la décadence et l’entropie ne sont jamais bien loin. De ce point de vue, les jeux de surface que met en œuvre l’artiste sont des jeux troubles qui révèlent par ses failles une force intérieure désorganisée et incontrôlable. Toute la prouesse de l’artiste est de mêler équilibre et anarchie dans son travail en un seul et même motif vertigineux, à l’image des sculptures de ciment générées informatiquement, Greyman Cries, Shaman Dies, Billowing Smoke, Beauty Evoked, 2008-09.






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Leviathan : Anish Kapoor en 14 concepts clés : 9-14

Exposition du 12 mai au 23 juin 2011. Nef du Grand Palais - Porte principale, avenue Winston Churchill - 75008 Paris. Ouverture tous les jours sauf le mardi, lundi et mercredi de 10h à 19h, du jeudi au dimanche de 10h à minuit.