Archives expositions personnelles France

Archives expositions personnelles (D)

Texte de Robert Bonaccorsi, Directeur de la Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer

François Daireaux peut, sans contexte, se définir comme un artiste pérégrin. Quoique l'idée de pèlerinage puisse corrompre la compréhension d'une démarche (dans toutes les acceptions du terme) profondément originale. Tout commence donc avec les pieds, le déplacement, la visite, l'exploration, la découverte. Le mouvement, non dans sa vacuité moderne, mais comme rencontre avec différentes cultures pour appréhender l'activité humaine dans ses implications traditionnelles, le plus souvent occultées ou folklorisées.

L'artiste développe ainsi un projet cohérent né au coeur de l'atelier pour mieux embrasser le monde. Une pratique de la forme et du sens induite par la matière même. Un savoir-faire prenant en compte la répétition, le recyclage, l'interaction, le renouvellement, la diversité des matériaux et leur capacité sensible et tactile, à se transformer voire à se métamorphoser. Le voyage s'apparente-t-il à une "esthétique du divers", comme le proposait Victor Segalen?

Ici pourtant se décline en permanence le refus de tout exotisme mercantile corollaire obligé d'un point de vue colonialiste. "Ceci, universel, n'est que ma vision à moi: artiste: voir le monde, et puis dire sa vision du monde" (toujours Victor Segalen). Le voir, le comprendre, l'appréhender, par le travail comme processus vital, organique? Et si "chaque époque et chaque société recréent ses propres "autres" (Edward W. Said), Français Daireaux pense concrètement l'autre et l'ailleurs, de façon indivisible.

L'humanité n'existe que dans l'oeuvre accomplie. Par et pour le geste, il retrouve l'universel en observant, modelant, découpant le rituel de la production inlassablement réitéré. Quand Jacques Demy réalise en 1955 Le sabotier du Val de Loire, il propose tout à la fois un documentaire sur la fabrication des sabots mais surtout une réflexion sur la fuite du temps. Pour François Daireaux, l'artisan indien, chinois, marocain, participent à un rapport au temps où la nostalgie s'efface. Ils représentent autant de révélateurs de la multiplicité des modes d'interventions, de styles, de vies, périphériques et constitués de l'essence humaine. "La pluralité est la condition de l'action, parce que nous sommes tous pareils, c'est-à-dire humains, sans que jamais personne soit identique à aucun autre homme ayant vécu, vivant ou encore à naître." (Hannah Arendt). L'artiste marcheur sculpte, dessine, filme, photographie.

Plus que dans la fonction, François Daireaux se révèle dans la pratique. Par là même, se découvre un parcours où cette oeuvre originale, essentiellement et radicalement contemporaine, n'existe que dans une mise en rapports et en questions avec des lieux et des espaces.


François Daireaux, F. Chellappan, 2008. 28 moulages en plâtre sur 28 selles de sculpteur, vidéo couleurs, silencieux, 25' en boucle, 1 écran, format 16/9. Vue de l'exposition Tout commence par les pieds, Villa Tamaris centre d'art, 2009. Photo: C. Brossais

François Daireaux, F. Chellappan, 2008. 28 moulages en plâtre sur 28 selles de sculpteur, vidéo couleurs, silencieux, 25' en boucle, 1 écran, format 16/9. Vue de l'exposition Tout commence par les pieds, Villa Tamaris centre d'art, 2009. Photo: C. Brossais

Vue de l'exposition François Daireaux, Tout commence par les pieds, Villa Tamaris centre d'art, 2008Au mur: ensemble de photographies couleurs, encadrées sous verreAu sol: SKIZZES, 2009. Ensemble de 203 Skizzes juxtaposées au sol, silicone, mousse florale, 5 x 2000 x 600 cm

Vue de l'exposition François Daireaux, Tout commence par les pieds, Villa Tamaris centre d'art, 2008
Au mur: ensemble de photographies couleurs, encadrées sous verre
Au sol:
SKIZZES, 2009. Ensemble de 203 Skizzes juxtaposées au sol, silicone, mousse florale, 5 x 2000 x 600 cm. Voir également gros plan ci-dessous 


Vue de l'exposition François Daireaux, Tout commence par les pieds, Villa Tamaris centre d'art, 2008Au mur: ensemble de photographies couleurs, encadrées sous verreAu sol: SKIZZES, 2009. Ensemble de 203 Skizzes juxtaposées au sol, silicone, mousse florale, 5 x 2000 x 600 cm. Détail

  François Daireaux, Tout commence par les pieds
  Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer
  24.01 - 01.03.2009

Exposition du 24 janvier au 1er mars 2009. Villa Tamaris centre d'art, avenue de la Grande Maison  - 83500 La Seyne-sur-Mer. Ouverture tous les jours sauf le lundi de 14h à 18h30. Entrée libre.

Commencée à l’Abbaye de Maubuisson, cette exposition se poursuit et se développe aujourd’hui à la Villa Tamaris. La Galerie Les Filles du Calvaire et la Galerie Dix9 prendront le relais de ce parcours qui se terminera provisoirement à l’Artothèque de Caen, comme autant d’éléments d’un vaste projet en perpétuel devenir dont la force critique ne se comprend que dans la maîtrise aléatoire des formes.

© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2012. Tous droits réservés

François Daireaux, Tout commence par les pieds, Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer